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République de bananes et baleines…

L’un de ces deux pays se comporte comme une république de bananes. Devinez lequel.

Le Costa Rica est un tout petit pays avec une population de 4,5 millions d’habitants, des forêts tropicales et des plages de rêves.

Ce pays a fait un choix dans les années 1980. Le gouvernement a décidé qu’il allait développer le tourisme. Il n’est pas facile de se rendre au Costa Rica (en voiture ou en bateau, par exemple). Il n’y a pas des tonnes de sites patrimoniaux importants, ni une architecture singulière.  En fait, le principal atout de ce pays est son environnement : ses forêts et ses plages.

Le gouvernement a donc fait un pacte avec Mère Nature. Nous te protègerons et en retour, tu développeras notre économie (de façon durable). Eh bien, le pari a réussi. Contrairement à la plupart de ses voisins, l’exportation de café et de bananes (ou autres ressources naturelles) n’est plus aujourd’hui le principal moteur de son économie: c’est aujourd’hui le tourisme. Huit pourcent de l’économie du pays et 13% des emplois y sont liés.

Plus de deux millions de touristes visitent le Costa Rica chaque année et pendant la récession globale de 2008, le PIB du pays… a cru de 3% (en baisse tout de même du 7, 8 ou 9% habituel)!

Mère Nature a respecté sa part de l’entente.

Ceci semble avoir motivé les habitants du Costa Rica. Ils ont créé des parcs de conservation (qui couvrent 23% du pays!), adopté des lois pour protéger l’environnement et réglementé les rejets dans l’eau. Ils sont devenus des pionniers de l’écotourisme et récemment, ont adopté l’objectif ambitieux d’être carboneutre d’ici 2021.

Le Québec a une population de 8 millions d’habitants, un territoire 1000 fois plus grand que celui du Costa Rica et un PIB de 230 milliards de dollars (donc en principe, nous avons les moyens de nos ambitions).

Environ 3 millions de touristes visitent notre province annuellement ce qui fait vivre 30 000 entreprises qui offrent des emplois à 400 000 personnes.

Évidemment, les touristes viennent au Québec pour toutes sortes de raisons, mais la rencontre avec la nature demeure l’une des plus importantes.

Parlez-en aux habitants de Charlevoix ou du Bas-St-Laurent par exemple. Pour eux, les emplois reliés au tourisme sont cruciaux.

Il n’est donc pas surprenant que la proposition de TransCanada de construire un port pétrolier, à l’endroit même où on envisage de créer un parc marin pour protéger les baleines, a fait réagir plusieurs résidants du coin.

Le maire de Saint-Siméon dans Charlevoix, Sylvain Tremblay, déclarait récemment au journal Le Devoir qu’il estimait à 80 millions de dollars annuellement les retombées touristiques des croisières de baleines. Un seul déversement et pouf! 80 millions de dollars touristiques qui seront dépensés ailleurs…

Le maire se demande pourquoi on envisage de mettre en péril ce «produit touristique» (les baleines) pour devenir un simple point de transit pour du pétrole des sables bitumineux.

Il a bien raison de se poser la question. Bravo M. le maire!

Pour l’instant, le gouvernement du Québec tergiverse sur la question du pétrole. Il veut être un pays exemplaire du point de vue environnemental et, en même temps, il rêve de devenir un État pétrolier…

Il aurait avantage à être clair avec les pétrolières: nous ne sommes pas une république de bananes!

Il est temps de signer un pacte avec Mère Nature!

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