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Rentabiliser les terrains contaminés pour pas (trop) cher

Selon une étude réalisée en 2009 par la firme Ventix, environ 30% du territoire de l’île de Montréal serait contaminé. Pour tenter d’y remédier, le parti Projet Montréal propose de créer une cartographie complète des terrains municipaux contaminés pour s’assurer de leur valorisation future.

L’actuel registre est trop incomplet, clame Sylvain Ouellet, l’élu à l’origine de la proposition qui a été adoptée lors du dernier conseil municipal. Un premier bilan annuel de l’évolution des sols contaminés à Montréal devrait voir le jour en 2015.

En attendant, voici quelques idées inspirantes empruntées chez nos voisins.

De Ceuvel
1- Urbanisme tactique

Un terme guerrier qui regroupe des actions ciblées visant à animer à court terme des espaces délaissés. La ville dont il faut s’inspirer est Berlin, selon Jérôme Glad, coordonnateur du projet de Village éphémère pour l’Association du design urbain du Québec (ADUQ).

Camping urbain sur le site d’une ancienne piscine municipale, parc public temporaire sur l’ancien aéroport Templehof, les initiatives ne manquent pas à Berlin.

Mais l’exemple le plus inspirant actuellement vient d’Amsterdam, selon Jérôme Glad. Le site portuaire De Ceuvel, lourdement pollué aux métaux lourds, revit grâce à l’imagination du bureau d’architectes Space&Matter.

En gros, le site est actuellement dépollué sur le principe de la phytoremédiation. Mais pour éviter d’avoir à attendre 20 ans avant de pouvoir fouler l’endroit, les architectes ont installé 15 vieilles péniches retapées, reliées par un système de passerelles. Elles servent de studios d’artistes et de galeries. On compte aussi un café-concert.

Le site a été prêté pendant 10 ans pour presque rien par la Ville, contre la promesse de le décontaminer, mais il est tellement populaire que le bail pourrait être prolongé.

phytoremédiation

2- Phytoremédiation
La phytoremédiation, c’est la dépollution des sols ou des eaux usées par des plantes. En gros «les racines libèrent des sucres et acides qui stimulent les bactéries et les champignons du sol, ce qui peut favoriser la dégradation de contaminants organiques contenus dans le sol, comme les hydrocarbures, ou stimuler l’extraction de métaux lourds qui se retrouvent dans les tiges et les feuilles», explique Frédéric Pitre, chercheur au Jardin botanique.

Cela évite d’avoir à excaver les terrains et de transporter les terres contaminées en vue de leur traitement, une pratique coûteuse. Les plantes sont ensuite détruites.

«Sur une vingtaine d’années, on est capable de diminuer le niveau de contamination dans le sol, tout en créant des espaces verts temporaires», lance Sylvain Ouellet, conseiller de ville dans le district François-Perreault, élu sous la bannière de Projet Montréal.

Dans la métropole, plus d’une demi-douzaine de projets pilotes sont en cours, notamment sur les sites industriels de Montréal-Est ou dans un jardin communautaire du quartier Hochelaga. Mais contrairement à l’Europe ou aux États-Unis, aucune entreprise n’occupe ce créneau commercial.

«On en est encore au stade de la recherche en vue de faire la démonstration de son efficacité opérationnelle», indique M. Pitre.

Sole Farm vancouver

3- Agriculture en bacs
Cultiver deux acres de terre sur un terrain contaminé au pied du Stade olympique, Vancouver le fait depuis deux ans. Pour y arriver, Sole Food Street Farms a bénéficié d’un don de 500 000$ d’une fondation privée qui lui permet de cultiver une cinquantaine de variétés de fruits et légumes en plus de contribuer à la réinsertion sociale d’une vingtaine d’habitants du quartier.

Les fondateurs de Sole Farm ont aussi obtenu le soutien de la Ville et d’un promoteur immobilier qui a prêté le terrain du centre-ville pour une durée de trois ans.

«C’est un peu comme nos fermes Luffa, mais en plein air. Le promoteur y gagne, car son terrain est mis en valeur», explique Sylvain Ouellet.

En 2013 Sole Street Farms a produit sur ses quatre sites 20 tonnes de fruits et légumes. Fait intéressant, les bacs sont installés sur des palettes au dessus de l’asphalte qui, en chauffant, assurerait une croissance plus rapide des végétaux.

Cleveland
4- S’inspirer de Cleveland
Cleveland est l’une des premières villes nord-américaines à avoir établi, en 2005, une stratégie globale de recension, d’acquisition et de réutilisation de terrains vacants.

En cartographiant les 20 000 parcelles totalisant 3300 acres de terrains vacants sur son territoire, la Ville est désormais capable de caractériser celles qui sont le plus aptes à recevoir des projets d’énergie propre (éolien, solaire, géothermie), des projets d’agriculture urbaine ou des projets de rétention des eaux de pluie.

Cleveland a aussi ciblé une liste de terrains à acquérir pour effectuer des remembrements favorisant ainsi l’émergence de projets immobiliers, commerciaux, industriels ou même de parcs.

«Une étude de l’Université de Pennsylvanie conclut que dans les zones limitrophes de terrains vacants stabilisés, la valeur des propriétés augmentait en moyenne de 17%», clame la Ville dans son plan.

Et à Montréal?

La Ville de Montréal ne part pas de zéro dans ce domaine…

  • L’ancien dépotoir de Saint-Michel est en voie de devenir le 2e plus grand parc de l’île de Montréal.
  • Sentier urbain crée plusieurs petits parcs thématiques sur des terrains inutilisés par des promoteurs.
  • Obtenu du CN après une longue bataille, le bâtiment no7, un ancien immeuble industriel situé sur les terrains des anciens ateliers du CN, dans le Sud-Ouest, héberge maintenant un centre social autogéré.
  • Le village éphémère de l’ADUQ vaut aussi le détour.

AJOUT: un tout récent site qui donne des conseils pour réutiliser les terrains vacants vient de voir le jour: urburb.ca

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