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«Trappes à tickets», port du casque et autres constatations cyclistes

Photo: Yves Provencher/Archives Métro

Bon là, ça urge vraiment. Il faut que la refonte du Code de la sécurité routière accouche de quelque chose de concret et de constructif, notamment du côté cycliste.

Mais en attendant voici quelques constatations…

1) Le SPVM a encore beaucoup de chemin à faire pour gagner le respect des cyclistes. Ce n’est pas que les agents soient désagréables (au contraire), mais le choix des emplacements pour vérifier le respect du Code de la route laisse à désirer. Voici deux exemples que j’ai constatés dans les 15 derniers jours.

Se placer juste après le feu de la piste Maisonneuve, coin Sanguinet, pour attraper des cyclistes en faute, c’est discutable, surtout qu’aucune auto ne peut venir perpendiculairement, ce feu servant surtout à permettre aux piétons de traverser tranquillement. C’est correct, il y a beaucoup de passages dans ce coin-là, mais personnellement, je pense qu’un panneau Arrêt pour les cyclistes serait bien suffisant.

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Au SPVM, on répond que ce n’est pas la police qui décide de l’emplacement et du fonctionnement des feux de circulation. Ok, mais c’est vous qui décidez de faire une opération dans ce coin. Ça m’a coûté 42$. Je n’ai pas contesté, car c’est vrai que, sur le fond, j’avais tort, mais ça m’a conforté dans l’idée que le Code de la sécurité routière doit être revu pour faciliter la vie des cyclistes sans que cela ne nuise à la sécurité des piétons.

Là, où j’ai vraiment trouvé ça injuste, c’est quand j’ai vu les mêmes agents cette semaine verbaliser des cyclistes à la pelle sur la piste René-Lévesque, coin Visitation. On y trouve un feu de circulation absurde qui ne sert qu’à très peu de piétons, donc inévitablement les cyclistes ne font que ralentir sans s’arrêter. Surtout qu’il y a déjà un autre feu, une rue plus à l’est, en face de la tour de Radio-Canada.

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En tant que policier, se placer à cet endroit pour verbaliser, donne l’impression aux cyclistes que l’objectif visé est surtout de remplir les coffres de la Ville.

Voici la réponse de l’inspecteur André Durocher, 30 ans d’expérience avec des chialeux dans mon genre. Sans commenter le choix précis de l’endroit, il peut y avoir plusieurs explications, selon lui:

  • plaintes de piétons
  • incident particulier
  • opération de sensibilisation

Oublions tout de suite l’hypothèse de l’incident. Car si l’on se fie à cette carte interactive des accidents réalisée par The Gazette, on a recensé ici que deux accidents mineurs en six ans. Même constat pour le coin Maisonneuve-Sanguinet.

La sensibilisation alors? Ça n’a pas marché avec moi en tous cas. Je dirais même que c’est complètement improductif, car on en arrive alors à la conclusion qu’il faut éviter les pistes cyclables pour ne pas se faire «pogner».

L’inspecteur Durocher n’est pas de cet avis. «Malgré vous, en en parlant autour de vous de cette contravention, vous devenez un ambassadeur qui va indirectement convaincre d’autres cyclistes de modifier leur comportement sous peine de contravention», confie-t-il.

Passons à la question du casque…

2) Vélo Québec ferait mieux d’arrêter de militer contre le port du casque obligatoire. Personnellement, j’étais contre le casque jusqu’à ce que je devienne papa, il y a deux ans. Eh bien, figurez-vous que ce n’est pas si pire, porter un casque! Je sais qu’il ne faut pas généraliser à partir de ses propres constatations, mais je crois que Vélo Québec devrait sérieusement revoir sa position quand elle dit notamment que rendre le port du casque obligatoire nuirait au taux de pratique du vélo.

Peut-être que ce serait un peu vrai au début, surtout avec les jeunes, mais je crois que les cyclistes reviendraient rapidement à la pratique du vélo (avec casque) après un court séjour dans les bus bondés ou les embouteillages interminables!

Et quand tu sais que le port du casque divisera ton temps de séjour aux soins intensifs par six en cas de traumatisme crânien, ça fait réfléchir. Sur les 143 cas étudiés en traumatologie par l’Hôpital général de Montréal entre 2007 et 2011, le coût du séjour à l’hôpital varie du simple au double entre un cycliste blessé qui avait un casque et un autre qui n’en avait pas (5699$ contre 10 416$). Ça fait 4717$ de différence.

Sachant qu’il y a eu 114 blessés graves à Montréal en 2014, si 100% d’entre eux avaient porté un casque (au lieu de 50% actuellement), on aurait fait économiser 269 000$ au système hospitalier. Et là, on ne compte même pas le coût de la rééducation et de l’absentéisme au travail…

3) Où s’en va la discussion sur la refonte du Code de la sécurité routière?
J’ai pas mal sursauté quand j’ai lu cet article dans La Presse au sujet du comité qui planche sur le sujet. «La pertinence d’imposer le port d’un casque à vélo ou d’interdire aux cyclistes d’utiliser leur téléphone cellulaire ou de circuler entre deux rangées de voitures a aussi été apportée à la table, dont les membres se réuniront pour une deuxième fois ce matin (mardi).»

Quoooiiii!? Est-ce que j’ai bien compris ou quelqu’un a proposé que les cyclistes ne puissent pas se faufiler dans les bouchons?!  Visiblement, il ne doit pas y avoir de cycliste dans ce comité, et c’est bien là le problème.

Bon je vous laisse, faut que j’aille faire mon chèque de 42$ à la Ville… Si vous connaissez d’autres «trappes à tickets», n’hésitez pas à les partager, mon porte-feuille vous en sera reconnaissant!

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