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Jeune trans en fugue: la famille blâme la SQ

Photo: Archives Métro

La famille du jeune Mat, dont un avis de recherche est diffusé par la SQ depuis vendredi dernier, accepte l’identité de genre de l’adolescent et réfute la version des amis. Elle a par ailleurs contacté la SQ pour faire modifier l’avis de recherche.

La SQ a publié vendredi un avis de recherche concernant la disparition d’une jeune fille de 16 ans de Valleyfield. Or, au courant de la fin de semaine, plusieurs amis de la personne portée disparue ont déclaré que l’ado s’identifiait plutôt comme un jeune homme trans préférant qu’on utilise des pronoms masculins pour s’adresser à lui et qu’on l’appelle Mat, plutôt que Matilde, le nom employé dans l’avis de recherche. Les amis de l’adolescent ont déclaré que Mat aurait fugué en raison du refus de ses parents de reconnaître son identité de genre. En entrevue, le frère de Mat, Ludovic Soucisse, qui s’exprime au nom de la famille, a déclaré que ce changement pour eux, bien que récent, était accepté par la famille.

«Nous respectons ce changement, nous utilisons les pronoms masculins, nous en échappons quelques fois, mais il faut comprendre que pendant 16 ans, Mat a été notre sœur, nous avons besoin d’un moment d’adaptation», explique-t-il.

C’est un frère aimant et inquiet que j’ai rencontré dans un café lundi matin. Il est sans nouvelles de Mat depuis le 18 mars. Pourtant, selon lui, Mat vivait en appartement à Montréal, avec le soutien de ses parents, depuis l’automne dernier. La famille voyait bien que l’adolescent ne s’émancipait pas dans son milieu et c’est pourquoi elle lui avait donné l’occasion de «se trouver» en ville. C’est quand il a fait une tentative de suicide que la famille a voulu resserrer les liens. «Nous avons proposé à Mat de passer quelques semaines à Valleyfield. Mat présente des problématiques de santé mentale qui dépassent les questions d’identité, et certaines de ses fréquentations à Montréal l’ont entraîné dans une spirale néfaste. Nous voulions simplement l’aider à retrouver une hygiène de vie», explique le grand frère, qui était jusqu’à tout récemment le lien de confiance entre Mat et sa famille.

Monsieur Soucisse réfute aussi les allégations des amis voulant que la famille force Mat à s’habiller en fille. «Lorsque Mat est venu à Valleyfield, les parents l’ont emmené magasiner. C’est lui qui a choisi ses vêtements, mais il était question de lui trouver des vêtements adéquats pour le travail. Ça a peut-être été mal interprété de sa part», dit-il.

Mat n’avait pas fait part directement à ses parents de son désir d’être considéré comme un garçon, autrement que via son frère, et la discussion formelle sur la façon par laquelle il préférait qu’on s’adresse à lui n’avait pas eu lieu. «C’est nouveau pour nos parents, mais ils acceptent et ils sont prêts à l’appeler Mat», explique le grand frère. Ce sont d’ailleurs des informations qu’ils ont divulgué aux enquêteurs de la SQ. Monsieur Soucisse comprend que l’avis de la SQ ait pu être rebutant pour Mat. «Si on pouvait publier un autre avis dans lequel on préciserait que Mat s’identifie comme un homme on le ferait, mais j’ai l’impression que la SQ fonctionne avec le nom légal», dit-il.

Contactée à ce sujet, Joyce Kemp, porte-parole de la SQ en Montérégie, a indiqué que les informations diffusées dans les avis de recherche étaient celles jugées nécessaires pour retrouver la personne. «Le reste relève de la vie privée», a-t-elle expliqué. «Si la famille veut faire changer l’avis, elle peut communiquer avec les enquêteurs au dossier».

«Je ne crois pas que la SQ a compris ce que signifiait l’information que nos parents ont donné aux enquêteurs et qu’elle mesure ce qu’est l’identité trans et l’impact que ça peut avoir sur un jeune. Ce sont des jeunes très vulnérables et je ne crois pas que la SQ soit outillée pour traiter ces cas», estime Monsieur Soucisse. Lorsqu’interrogée à savoir si la SQ avait un protocole particulier pour traiter les cas de fugues de jeunes trans ou si elle s’était penchée sur cette problématique spécifique, la porte-parole n’a pas voulu confirmer ou infirmer qu’il y avait une manière de faire particulière.

Monsieur Soucisse déplore par ailleurs d’autres cafouillages dans le dossier de Mat. «Mat n’a pas 17 ans, et n’est pas de Boucherville. Quand nous les avons contactés pour leur dire qu’il était plutôt âgé de 16 ans et de Valleyfield, on nous a dit que les changements seraient portés après la fin de semaine». Il aimerait que Mat sache que la famille l’accepte et souhaite simplement «l’aider à se trouver et à s’émanciper».

Lundi après-midi, la famille contactait la SQ pour qu’il soit précisé que Mat préfère qu’on utilise les pronoms masculins quand on s’adresse à lui. Ils ont aussi donné l’instruction aux enquêteurs de référer à «lui» (plutôt qu’à «elle») et de l’appeler Mat lors de l’enquête.

 

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