Les élus, les cadeaux et André Boisclair

Si vous ou moi devions quitter notre emploi demain matin, nous nous retrouverions seul avec notre 4 % et notre petit bonheur.

Pas de semaines de salaire restantes, pas d’indemnités de départ. Même pas de chômage. Vous voulez vous réorienter? Compléter ces études que vous n’auriez pas dû interrompre? Vous en avez ciré de votre boulot et voulez simplement vous accorder une pause? Fort bien, mais faites-le à vos frais. Ça va de soi.

Nos députés, eux, sont récompensés s’ils quittent volontairement leur emploi. L’indemnité dépasse souvent les 100 000 $, selon la Ligue des contribuables. Tony Tomassi, Line Beauchamp, David Whissel, Nathalie Normandeau et Jacques Dupuis, entre autres, font partie de ceux qui sont passés à la caisse après s’être retirés prématurément ces dernières années. C’est aussi le cas des chefs de trois des partis représentés à l’Assemblée nationale : Pauline Marois, François Legault et Jean-Marc Fournier ont tous quitté la politique pour mieux y revenir, après avoir passé go et réclamé pas mal plus que 200 $.

Le cadeau de départ n’est pas mal non plus si vous êtes un élu municipal et que vous «démissionnez» pour des raisons de «santé» après avoir pris de drôles d’arrangements avec des entrepreneurs – comme à Mascouche – ou après que la police a fait une série de perquisitions dans vos propriétés ou celles de vos proches – comme à Laval. Autour de 160 000 $ pour Richard Marcotte, 250 000 $ pour Gilles Vaillancourt. À Laval, le comité-exécutif-qui-dit-qu’il-n’y-a-pas-de-crise a même voté pour que l’ex-maire reçoive son quart de million plus rapidement. Merci Gilles, et bonne retraite!

Qu’un élu battu lors d’une élection reçoive une allocation, passe encore. La vie politique est difficile, souvent de courte durée, et on doit donner le temps aux candidats défaits de retomber sur leurs pattes. Mais un départ volontaire ne devrait donner droit à rien, à plus forte raison s’il y a une raison (un employé congédié pour vol n’a pas droit au chômage).

Les montants en jeu ne sont pas si importants à l’échelle du Québec. Mais ces parachutes dorés, qui existent à d’autres échelons de l’administration publique, ont un effet dévastateur sur la perception qu’a le public de ses institutions et de ceux qui en tiennent les rênes.

Le contribuable moyen voit des privilégiés qui gagnent déjà plusieurs fois son salaire bénéficier d’avantages auxquels il n’aura lui-même jamais droit – on pourrait aussi parler des pensions des députés. Il en conclut qu’une clique s’est votée des privilèges, et qu’elle lui a envoyé la facture.

Avec l’état actuel des finances publiques, le gouvernement devra demander toutes sortes de sacrifices aux citoyens. Les compressions annoncées récemment dans les ministères ne sont que le début.

La moindre des choses serait que nos élus prêchent par l’exemple et montrent qu’ils ne sont pas trop déconnectés de la réalité de ceux qu’ils gouvernent. Pauline Marois a promis, pendant la dernière campagne, qu’elle mettrait fin à ces indemnités. Cette semaine, Mme Marois a plutôt décidé de garantir un emploi à vie à son ex-collègue André Boisclair…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pasnécessairement celles de Métro.

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