Soutenez

Plaidoyer pour une charte des tailles made in Québec

Photo: Getty Images/iStockphoto

Des chercheurs montréalais pourraient bientôt proposer aux designers et aux manufacturiers d’ici des outils qui permettraient d’uniformiser les tailles des vêtements.

Que celui qui trouve toujours l’ajustement parfait dans les rayons du prêt-à-porter sans avoir besoin de faire un tour en cabine d’essayage lève la main. La fashionista avertie sait très bien que le Petit de  l’un équivaut au Moyen de l’autre. Les disparités dans les tailles des vêtements sont un vrai problème, souligne Vestechpro, le Centre de recherche et d’innovation en habillement du cégep Marie-Victorin, qui organisait, la semaine dernière, une première conférence sur les tailles et l’ajustement.

Pour corriger la situation, le centre se propose justement de mettre sur pied une banque de données reflétant les caractéristiques morphologiques des Québécois. Pour ce faire, on entend s’inspirer de projets semblables réalisés en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Objectif : soutenir les créateurs d’ici.

Le conférencier Edward Gribbin, président d’Alvanon, dont l’expertise dans le domaine de l’ajustement et des tailles n’est plus à faire, est formel : «L’ajustement est primordial pour n’importe quelle marque qui veut avoir du succès.» Et si la couleur est la principale raison qui incite le consommateur à essayer un vêtement, il ne l’achètera que s’il tombe bien, ajoute-t-il. C’est l’ajustement qui fidélise la clientèle.»

La qualité et l’ajustement des vêtements sont indissociables, renchérit le professeur de l’École supérieure de mode de Montréal Jocelyn Bellemare, aussi présent à l’événement. «Même si le fast fashion est là pour rester, le fit va prendre de plus en plus de place», croit-il.

Au Québec (puis, peut-être, au Canada), le projet Mensur’action – c’est ainsi qu’on l’appelle – sera lancé dès que le financement sera accordé, souligne Paulette Kaci, directrice générale de Vestechpro.

«Il y a un intérêt de la part du gouvernement du Québec, a-t-elle confié en exclusivité à Métro. Nous nous attendons à ce que le ministère du Développement économique défraie 90 % des coûts. Mais avant de déposer officiellement notre demande de subvention, nous avons besoin que des partenaires de l’industrie du vêtement se manifestent pour combler les 10 % restants.»

Tailles : chartes dépassées?

«Il faut mettre à jour les données morphologiques au Québec», fait valoir la spécialiste des tailles et professeure à l’Université de Philadelphie Marie-Eve Faust, conférencière invitée la semaine dernière par Vestechpro. Eh non, il n’existe pas ici de charte des mesures à jour! Les designers et les manufacturiers travaillent souvent à partir des mensurations d’Américains blancs datant de la fin des années 1940. Même s’ils les ont pour la plupart actualisées à partir de données concernant leur public cible, celles-ci ne sont pas toujours fidèles de la silhouette des années 2000, affirme la chercheuse.

Le problème, c’est que le corps des femmes comme des hommes a changé en 60 ans. L’accroissement de la sédentarité compterait parmi les causes de ces transformations morphologiques, illustre un autre conférencier, Patrick Robinet, chercheur à l’Institut français textile – habillement.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.