Soutenez

De la scène au pupitre

Multiethnic Group of Hands Raised with Blackboard Photo: Métro

Troquer l’errance du travailleur autonome pour la stabilité. À l’origine de ce choix d’apparence raisonnable, il y avait surtout chez Marie-Mathilde Riffaud la quête du sentiment d’implication.

Après avoir œuvré cinq ans à son compte dans le milieu du théâtre, le bilan ne lui paraissait pas vraiment reluisant. Marie-Mathilde avait alors 28 ans et luttait pour se tailler une place dans un milieu comptant beaucoup de candidats pour trop peu d’élus. Peinture scénique, costumes, décors, accessoires: de contrat en contrat, elle mettait à profit son bac en design pour le théâtre, décroché à l’Université Concordia. Mais la précarité perdurait. «Je remettais en question mes compétences, ça devenait déprimant.»

De cet inconfort est née une réflexion sur le sens de son choix professionnel. «Au fil des années, je devenais moins convaincue de mon utilité dans la société. Je travaillais dans un milieu de gens sensibilisés à la culture, déjà convaincus de son importance. Je voulais être vectrice de changement; je ne m’y retrouvais pas.»

Au public des salles de spectacles, Marie-Mathilde préférera finalement celui d’une salle de classe, non moins exigeant, mais plus gratifiant à ses yeux. Le déclic survient au cours d’un repas entre amis. On lui parle de son amour des enfants, dont témoigne notamment son engagement de longue date auprès des scouts. C’est décidé: elle sera enseignante.

La perspective de passer de nouveau quatre ans sur les bancs d’école et de s’endetter davantage, pour démarrer une seconde carrière à 32 ans, la rebute quand même un peu. De fil en aiguille, elle entend parler du programme de formation à l’enseignement de l’Université d’Ottawa, qui reconnaît son bac en arts et offre une formation d’un an. Une fois passés les examens d’équivalence exigés par le Québec, Marie-Mathilde trouve rapidement un emploi dans une école privée.

«Avoir collaboré avec des metteurs en scène et des comédiens m’a appris à travailler en équipe. Tout comme la créativité inhérente à mon premier domaine d’emploi, c’est un outil de taille dans mon quotidien d’enseignante.» – Marie-Mathilde Riffaud

Avec du recul, elle aurait finalement bien pris deux années de formation plutôt qu’une. «C’est à cet âge-là qu’on devrait tous aller à l’université! À 28 ans, je savais beaucoup plus ce que je voulais qu’à 20 ans. J’ai été bien plus actrice de cette seconde formation que de la première.» En juin 2015, elle bouclera sa sixième année d’enseignement au cœur du petit théâtre de la vie quotidienne.

Phénomène commun
«La réorientation de carrière n’est pas un phénomène nouveau, estime Mathieu Guénette, directeur des services professionnels chez Brisson-Legris, entreprise montréalaise spécialisée en orientation et gestion de carrière. On voit régulièrement des gens délaisser des domaines où ça va moins bien économiquement, ou encore ceux qui, parce qu’ils sont très spécifiques, confinent à une certaine immobilité. Je vois aussi souvent des personnes qui sont en quête de sens.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.