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Santé mentale: les services ne répondent pas aux besoins

Photo: Archives Métro

L’offre de services en santé mentale ne cesse de se dégrader à Montréal depuis quelques années, selon des représentants syndicaux, des organismes communautaires et des proches aidants.

Ils dénoncent le sous-financement et les coupures budgétaires qui touchent ces services et appellent l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal à passer à l’action. «On n’arrive pas à répondre aux besoins de la population», a affirmé Bruce Ward, de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (IUSMD).

Dans le cadre de l’effort d’optimisation 2013-2014 imposé par le ministère de la Santé et des Services sociaux au réseau montréalais, des restrictions budgétaires de près de 10 M$ ciblaient les institutions offrant des services en santé mentale, notamment l’Institut universitaire de santé mentale de Montréal et l’IUSMD.

En même temps, les besoins en santé mentale sont en hausse dans la métropole. «La porte d’entrée en santé mentale est soit l’urgence psychiatrique soit l’urgence générale pour lesquelles on constate une augmentation de 30% depuis 2006-2007», a fait remarqué Denis Cloutier, de l’Institut universitaire en santé mentale. À titre indicatif, 7,6% de la population montréalaise utilisent des services en santé mentale chaque année.

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le RACOR en santé mentale et le Regroupement des aidants et aidantes naturels de Montréal (RAANM) remettent aussi en question le choix de transférer beaucoup de ressources des services de 2e et 3e lignes, c’est-à-dire des services spécialisés ou ultraspécialisés en centre hospitalier, à la 1ière ligne, soit les services généraux offerts par les CLSC et les médecins de famille.

Cette décision découle des orientations du Plan d’action en santé mentale 2005-2010. «On a transféré du budget, du personnel, mais aussi des patients qui obtiennent un suivi moins adéquat en 1ere ligne, a soutenu M. Cloutier. L’Agence de Montréal semble mal connaître les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, qui souvent ne vont pas chercher de l’aide et doivent être pris en charge lorsqu’ils sont en crise, ce qui nécessite des services de 2e ou 3e ligne.»

Les résultats de tous ces changements seraient notamment des délais trop longs pour obtenir des services, le manque de continuité, des unités d’admission en surcapacité et une baisse de la surveillance et de l’encadrement dans les institutions.

«Le manque de ressources favorise le phénomène de la porte tournante, c’est-à-dire que plusieurs personnes sont retournées chez elles prématurément et sans suivi, ce qui fait qu’elles reviennent vite», a déploré M. Ward.

Nombre de lacunes ont été soulignées dans le rapport «Agir maintenant», une initiative de l’Agence de la santé des services sociaux de Montréal, publié en juin. Mais la FIQ et le RACOR trouvent que la mise en œuvre de ses recommandations se font attendre.

L’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal est confiante en sa stratégie pour rejoindre le même nombre de personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale avec moins de moyens financiers.

«Il n’y a pas eu de diminution de la qualité des services, a plaidé Marc Boutin, coordonnateur de l’équipe santé mentale. Je suis d’accord qu’on pourrait faire mieux et on y travaille.»

M. Boutin n’a pas indiqué vouloir négocier avec le ministère de la Santé pour obtenir plus d’argent, tel que le souhaiteraient la FIQ, le RACOR en santé mentale et le RAANM.

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