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Parfumeuse à l’eau de céleri

Photo: Daphné Caron/Urbania

Après des études en criminologie et des années de travail comme traductrice, Isabelle Michaud a tout largué pour se lancer dans l’art olfactif. Elle développe des fragrances étonnantes, comme cette eau de céleri qu’elle vient de créer.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de faire un parfum au céleri?
Le céleri, j’adorais ça jusqu’à ce que je fasse une grosse réaction allergique. Mais le souvenir est resté, un souvenir idéalisé, avec des notes de fraîcheur, que j’ai voulu traduire dans mon parfum. Ça ne pourrait pas juste sentir le céleri sinon ça ne serait pas un parfum. C’est donc mon interprétation du céleri.

Comment faites-vous vos parfums?
J’ai mon «orgue», comme on dit en parfumerie, qui contient toutes sortes de notes. Au fond, c’est un frigo avec toutes sortes d’ingrédients, des huiles essentielles ou des molécules. J’essaie des mélanges. Des fois, j’ai des idées vraiment précises de ce que je veux, mais souvent, je tombe sur des combinaisons par hasard qui pour moi évoquent quelque chose.

Comme le cuir et le tabac dans votre parfum Aviation club?
Oui, ces mélanges me faisaient penser à ce club de poker mythique en France: la fumée, le cuir des banquettes, le tapis vert des tables de jeu, le café, ce qui en fait, comme mes autres parfums, une fragrance très masculine. Mais pour moi, tous mes parfums sont unisexes.

Sentez-vous des choses que nous, simples mortels, ne sentons pas?
Non! Je sens exactement les mêmes choses que vous, mais moi, je suis capable de mettre le nom d’une molécule sur une odeur. Si on se promène sur le bord de la mer, vous allez trouver que ça sent la mer. Moi je peux décortiquer ça et repérer l’odeur de calone, une molécule qui sent l’huître fraîche.

Je remarque que vous n’avez pas le plus gros nez du monde. Est-ce que c’est mal vu dans votre métier?
Non, mais ce n’est pas la première fois qu’on me fait la remarque! La taille n’a rien à voir. Ce qu’il faut, pour faire des parfums, ce sont des idées, des coups de cœur et de la curiosité. Souvent, les parfums commerciaux sont des copies de parfums populaires auxquelles on a ajouté une twist pour ne pas se faire accuser de plagiat. Moi, au-delà de créer des parfums, j’aime pouvoir créer des émotions, raconter une histoire.

Par exemple?
Mon parfum Vol 870 YUL-CDG, c’est l’histoire d’un voyage qui commence avec la forêt canadienne, ensuite, on sent des notes plus aériennes d’ylang-ylang, qui représentent le vol dans les nuages, puis on tombe dans le côté plus lugubre de l’Europe.

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Infos

On peut trouver ses parfums à la boutique Jamais assez sur Saint-Laurent.
Son site internet: http://monsillage.com

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