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Tourisme durable à Montréal

Photo: Yves Provencher/Métro

Visiter ou revisiter Montréal en optant pour des adresses qui répondent à des critères de respon­sabilité sociale, environnementale et économique, c’est possible. Métro a rencontré Marion Tissot, l’auteure du guide Tao Montréal et sa région, qui a visité et testé des centaines d’adresses montréalaises pour en retenir 200 à découvrir.

À qui s’adresse ce guide?
Il s’adresse aux francophones. C’est vrai qu’en général, le public cible de Viatao, ce sont les Français. Par contre, ça s’adresse aussi aux Montréalais. Comme beaucoup d’autres citadins, certains ne connaissent pas forcément leur ville, parce que dès qu’ils ont un peu de temps libre, ils en sortent. Donc, le guide peut aussi s’adresser aux Montréalais qui veulent découvrir leur ville d’une façon un peu différente, qui veulent sortir des sentiers battus.

Comment sont sélectionnées les adresses (restaurants, activités, magasins) recommandées dans ce guide?
C’est très dur d’être sélection­né dans un guide Tao. Il y a 200 adresses dans le guide, mais énormément d’endroits ont été visités au préalable, soit presque le double.

D’abord, les adresses doivent offrir un certain niveau de qualité aux voyageurs, mais elles doivent aussi répondre à des aspects sociaux et environnementaux qui sont bien déterminés. Il y a toute une grille pour calculer ça.

La visite, concrètement, c’est d’abord une partie incognito, où je fais comme si j’étais n’importe qui, sans m’annoncer, et je teste le service. Puis, il y a une visite avec un audit, qui prend environ une heure, avec une grille de 36 critères sur les aspects sociaux, environnementaux et économiques. Par exemple, un resto qui est 100 % biologique, mais dont la nourriture n’est pas bonne ou qui a une ambiance tristounette ne sera pas sélectionné. Un restaurant qui répond à tous les critères environnementaux, mais qui maltraite ses employés ne sera pas non plus dans le guide.

C’est un guide dont la préparation demande du temps. J’ai fait Montréal en trois mois, plus cinq ans d’expérience derrière. On doit passer beaucoup de temps sur le terrain, justement pour faire ces visites-là.

Pour les audits, vous rencontrez les propriétaires des adresses?
Oui. Je parle aux propriétaires, mais aussi aux employés. Un propriétaire ne va jamais dire «Au fait, je maltraite mes employés»! Par contre, en parlant avec les serveurs dans un restaurant, ou même avec les plongeurs, on découvre parfois une tout autre réalité.

Est-ce que ce sont des adresses qui s’affichent forcément comme «écolos»?
Non. Certains propriétaires d’établissements, bien sûr, surfent sur cette vague-là. D’autres ont ces valeurs et les communiquent à leurs clients parce que c’est important pour eux. D’autres encore le font sans forcément le dire parce qu’ils ne veulent pas être accusés de greenwashing; ils ne veulent pas qu’on pense qu’ils en disent plus qu’ils n’en font. Mais la plupart disent au moins qu’ils appartiennent à cette tendance.

À part le côté «responsable», quel était votre souci pour le guide ?
Je voulais faire quelque chose d’écolo, c’est sûr, mais aussi quelque chose qui sorte des sentiers battus. Dans la sélection des quartiers, ça se voit. Il y a une partie sur le quartier Saint-Henri, une autre sur Hochelaga, sur Rosemont. Ce sont des quartiers qui ne sont jamais dans les guides touristiques habituels. Donc, ça peut intéresser notamment les Montréalais, parce qu’on va rarement visiter sa ville comme un touriste. J’étais très attentive à l’ambiance des lieux, des activités. Je voulais toujours qu’il y ait ce petit plus chaleureux ou insolite qui fait que c’est une bonne adresse.

Et j’habite dans la petite Italie. Tous les guides touristiques disent : «Oh, la petite Italie, là où habitent les Italiens»; mais ça fait longtemps que ce n’est plus vrai. Pour moi, comprendre ce qu’est la petite Italie, c’est plutôt aller au parc Dante et jouer au Bocce avec un vieil Italien qui explique tout ce qu’il a vécu depuis qu’il est dans ce quartier, comment ça a évolué, pourquoi tout le monde est parti à Saint-Léonard. C’est bien plus révélateur que d’aller dans une pizzéria et de repartir! C’est ma vision et c’est aussi celle de Viatao.

Dans cette perspective, le guide contient aussi un volet qui documente brièvement, mais avec justesse, les aspects sociaux et environnementaux de la région.
Le but, c’est d’arriver à aller au-delà des idées reçues. Oui, au Canada, il y a des arbres. Mais si on creuse un peu, on se rend compte que ça ne veut pas pour autant dire que la nature est partout, que tout le monde la respecte : c’est plus vu comme une ressource. Et, oui, le caribou. Bon, d’accord. Mais le caribou, il est en train de disparaître.

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Des guides responsables
Petite maison d’édition française, Viatao se spécialise dans les guides de voyages qui suivent les principes du tourisme durable. Viatao offre aussi des services conseils à ceux qui désirent faire la promotion du tourisme durable.

Le tourisme durable est vu comme une application au domaine du tourisme des principes du développement durable, soit «un développement qui remplit les besoins de tous au présent sans com­promettre la capacité des générations futures à remplir les siens», selon le Rapport de 1987 de la commission Bruntdland pour les Nations unies.

Une vingtaine de destinations sont couvertes par Viatao, dont la Thaïlande, l’Argentine, le Vietnam et certaines villes et régions françaises, comme Paris, Lyon, la Bretagne et la Normandie.

Guide Viatao MontréalMontréal et sa région,
Marion Tissot, Éditions Viatao.
En librairie.

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