Mes hommages. La chronique que vous lisez à l’instant est rédigée à partir d’un appareil vintage. Absolument.
Du moins, c’est ce qu’on m’a confirmé lors d’un récent rendez-vous au Apple Store, alors que j’apportais, emmailloté comme Moïse dans un morceau de jute, mon ordinateur un brin frétillant pour tenter d’en soigner la grippe espagnole.
En décembre dernier, mon appareil a fêté ses six ans (une petite fête bien intime, avec chapeaux coniques en carton et cupcakes amusants).
De nos jours, on dit que c’est vieux, pour un ordi. Mais comme je ne suis pas portée par la passion de remplacer mes appareils par le dernier bolide rutilant et glossy qu’on me fait valser sur des musiques funky à chaque pause publicitaire, j’ai voulu poser un diagnostic sur mon portable avant d’envisager de le remplacer et, accessoirement, d’y laisser un rein.
Une fois arrivée sur les lieux, ma jugulaire s’est emballée. Si vous avez déjà mis les pieds dans un Apple Store, vous visualisez les 73 polos rouges qui virevoltent parmi les clients aux pupilles dilatées par toute cette offre technologique. Des regards séduits.
Des regards impatients. Inquiets. Emballés à l’idée d’entrer dans l’aire spatiale promise par un nouveau iPhone à la caméra «encore plus précise que ta caméra de crotte de l’an passé qui elle, ne fait que capter les facettes du globe oculaire d’une tique alors que la nouvelle caméra EN CAPTE L’ÂME».
Bon. Ce n’est pas pétrie de tant de mauvaise foi que j’attendais de découvrir l’état des lieux de mon problème d’ordi. Mais j’étais loin de me douter que mon MacBook pro 2011 provoquerait risette générale.
Oh oui. Alors que le très professionnel employé au polo rouge procédait à l’analyse de mon appareil en y plantant un fil mystérieux, il me confia sans détour une chose que je ne croyais que sous-entendue : «On va regarder ce qui ne va pas, mais juste pour vous dire, votre ordinateur est obsolète.»
Ce n’est pas la première fois qu’on s’indigne devant ce phénomène, Apple s’étant même confié à propos de l’obsolescence programmée de ses iPhone, tout récemment.
Mais comme aucune fumée ne sort de mon ordinateur et que, malgré mes maigres connaissances en la matière, JE SAIS que sa vie est loin d’être terminée, le velours des jarrets m’a frisé : «Apple ne répare plus les modèles 2011 depuis l’an dernier. Les pièces n’existent plus.»
Et alors que j’attendais, un peu fébrile, la fin du diagnostic de mon obsolète d’appareil, je surpris même l’employé inviter ce qui m’apparut être un «petit nouveau» à observer mon MacBook en lui confiant, sourire en coin : «Ça, c’est un modèle vintage.» Un modèle vintage! Alors ça, ça m’a fait plaisir.
J’entrevoyais déjà TOUTES les possibilités de burlesque, mon ordi dans un immense verre à martini, sur scène aux côtés de Dita von Teese.
Alors voilà. Prenez note que mes futurs écrits naîtront sur un appareil qui n’a rien à envier à la machine à écrire de Jessica Fletcher. Et que tous les textes qui y seront pondus seront exposés au Musée Pointe-à-Callière. La bise.