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Coucou!

Foulard lumière

Fièvre printanière et petits pogos vegans servis dans un chapeau melon dans un pique-nique urbain. La frénésie est à son pinacle! Bon. Entre deux plaintes sonores sur le frimas de juin et toute cette chaleur qui nous est donc due et pour laquelle on paie des taxes, les aréoles se dressent vers l’étoile du Berger et l’exquise perspective de pouvoir peut-être ENFIN aller se faire aller le bassin sur les chemins diamantés du Grand Prix de Montréal.

Quel événement formidable que ce festin automibilesque haute voltige! Quelle poésie. Les vestons de matières nobles. La brillantine. Le homard plein les gencives et la Veuve sans fin. L’effervescence. La perspective d’un yacht. Les papillons de possiblement être après respirer le dioxyde de carbone expiré par une personne prestigieuse, des étoiles plein les yeux. Cette impression d’avoir réussi. De toucher le ciel, enfin. De faire partie de cette haute qui, l’espace de trois jours et quart, nous est enfin accessible.

Et tout ce gratin double-crème tantôt sur les tapis rouges, tantôt à l’émission culturelle de fin de soirée, qui pose comme des tsars, le cœur empli de ces «donc belles opportunités, mais quel privilège que d’être ici, c’est féerie, quelle belle soirée, merci la vie! MERCI MONTRÉAL. Moi qui suis pourtant si simple et nature, tout l’an durant!»

Si le Grand Prix était assis à côté de moi, je lui bécoterais le cou sans fin. Je le remercierais de mettre ma ville sur la mappe. De réunir ces milliers de gens de qualité avec une passe dans le cou. Des gens bien. Des gens qui, au moment de lire ces lignes, répandent Cologne et rires gras dans votre wagon de métro, la casquette Ferrari et la lunette en bronzage. Tous enthousiastes en polos rouges, pour le sport automobile, la fête de jour et ses accessoires nocturnes. Oh, des accessoires dont ils ne sont pas responsables. Ce qu’ils aiment, eux, c’est la frénésie et les belles opportunités.

Et si, en cours de veillée, une petite fille en robe courte offre ses services privés, c’est bien son affaire, hein. C’est la fête! Tout le monde est beau. Volontaire. Responsable de sa destinée. Montréal est belle et tout le monde se tait.

Dans les dernières semaines, des centaines de jeunes filles se sont fait recruter pour suffire à la seule (TITANESQUE) demande de services sexuels engendrée par le Grand Prix de Mont­réal. Oh, bien sûr, on vous chantera en vous tapotant le crâne que ces affaires-là se passent, qu’on le veuille ou pas.

Des centaines de jeunes filles appâtées de mille façons seront, ce week-end, exploitées sexuellement.

Il n’est pas ici question des travailleuses du sexe (que je salue!) qui choisissent ce métier et le célèbrent en toute indépendance. Il est ici question d’emprise, de viols, d’exploitation, de crimes, de vies brisées et, surtout, SURTOUT, de clients. On aura beau mitrailler les pimps, les tout-croches et les gentilshommes à la tête des pires organisations que la Paramount dépeint avec appétit, ce texte, je l’adresse à vous, messieurs, qui sortirez vos sous-sous pour passer une belle soirée avec une sirène, ce soir. Demain.

Vous êtes responsables du carnage. On vous voit. Je vous vois. Coucou!

La bise.

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