En réponse à la promesse du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, de mettre sur pied un programme de régularisation des personnes sans-papiers, des personnes migrantes et des organisations de défense des droits lui ont demandé de ratisser plus large. Elles souhaitent que ce programme soit complet et universel afin de ne «laisser personne derrière».
Elles demandent d’abord un allègement des démarches administratives pour l’accès à un statut et notamment à la résidence permanente. Ces dernières seraient un barrage pour de nombreuses personnes dans leur demande de statut d’immigration. Au Canada, il y aurait actuellement près de 500 000 personnes sans statut.
«On n’a pas besoin de charger les gens d’un certain nombre de documents et de certaines conditions irréalisables», affirme le porte-parole de Solidarité sans frontières, Hady Anne.
Dans une entrevue accordée à CIC News, le ministre Fraser a fait part de son souhait de développer un plan de régularisation pour les personnes sans statut d’immigration. Il a souligné que les travailleurs sans-papiers ayant contribué au Canada pendant plusieurs années devraient avoir un statut.
La «trahison» du gouvernement
Les organisations souhaitent que le plan de régularisation soit plus inclusif. Les critères d’inadmissibilité devraient ainsi être suspendus pour ne pas tenir compte de critères sélectifs.
Elles demandent au gouvernement de ne pas reproduire les mêmes erreurs que par le passé. Les autres programmes de régularisation mis en place auraient exclu de nombreuses personnes notamment à cause des critères d’admissibilité.
L’histoire nous a donné raison. À plusieurs reprises, le gouvernement a voulu faire des programmes de régulation, mais ça n’a jamais marché. […] “Trahison”, je crois que c’est le mot qu’il faut.
Hady Anne, porte-parole de Solidarité sans frontières
Le porte-parole a donné l’exemple du programme «ange gardien» pour les demandeurs d’asile travaillant aux premières lignes pendant la pandémie. Ce dernier aurait été «extrêmement sélectif», excluant ainsi de nombreux travailleurs sans-papiers. Beaucoup de ces demandeurs n’auraient par ailleurs pas pu aller au bout de leur demande à cause des démarches administratives. Certaines personnes responsables du nettoyage dans les CHSLD ne seraient pas incluses dans ledit programme, par exemple.
Des délais de régularisation qui «coûtent des vies»
Selon la porte-parole de l’Association des travailleuses et travailleurs d’agences de placement (ATTAP) – Comités des femmes, Lorretta, les femmes sans statut bénéficient de peu de protection. Les craintes de se voir déporter sont une des raisons derrière la peur de demander de l’aide.
Dans les deux dernières années, deux membres du Comité des femmes auraient perdu la vie à la suite d’un accident de travail. Parce qu’elles étaient sans statut d’immigration, elles n’auraient ainsi pas eu la possibilité d’effectuer une plainte contre leur employeur ni eu accès aux soins de santé nécessaires.
«Les délais des plans de régulation coûtent des vies, explique Lorretta. Si elles avaient reçu des soins de base, elles auraient pu survivre.»
Elle demande ainsi au gouvernement québécois de permettre aux personnes sans-papiers d’avoir accès au système de soin et de pouvoir remplir des plaintes auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) sans aucune crainte d’être déportées.
Les organisations de défense des droits et des personnes migrantes manifesteront ce dimanche 17 juillet, place Émilie-Gamelin, pour «revendiquer un statut pour tous et toutes».