Montréal

La lumière au bout du tunnel nommé Trump?

Pour plusieurs, l’élection de Trump est le début de la fin du progrès environnemental réalisé récemment, incluant l’Accord de Paris. Je vous propose un point de vue différent.

Sans mettre Harper dans le même bateau que Trump sur tous les enjeux, sur la question environnementale, la position des deux hommes est semblable. Pour prédire ce que Trump fera dans ce domaine, il est donc utile de poser un regard sur l’héritage de l’ancien premier ministre, Stephen Harper. À mon avis, Harper a grandement fait avancer la cause de l’environnement au Canada.

Comment? En cristallisant le débat! Je m’explique.

Nous vivons dans un monde d’information, certes, mais aussi d’un trop plein d’information. Résultat: n’ayant pas le temps d’aller en profondeur, les médias ont tendance à simplifier les débats. Pour ou contre l’immigration? Pour ou contre la légalisation du cannabis? Pour ou contre l’environnement? Pour éviter de se mettre à dos une partie importante de l’électorat, les politiciens ont tendance à ne pas prendre de positions claires sur ces enjeux qui divisent.

Pensez à notre ami Justin Trudeau. Il se pointe à Paris pour crier les vertus de l’action contre le climat. Il mobilise les provinces pour adopter un plan national sur cet enjeu et, presque du même souffle, il approuve deux pipelines qui permettent le développement d’un des pétroles les plus sales de la planète, et annule ainsi toute l’action de lutte contre le réchauffement climatique. Est-il pour ou contre l’environnement? Bien malin celui qui pourrait répondre à cette question en un seul mot!

Stephen Harper, lui, avait l’avantage d’être clair. Il était contre toute action sur le climat qui pourrait nuire au secteur des ressources naturelles et surtout au développement des sables bitumineux. Il était favorable aux pipelines. Résultat, le débat était médiatiquement sexy: les écolos d’un côté, Harper et les pétrolières de l’autre.

En dépit de cette clarté, pendant ses 10 ans au pouvoir, M. Harper n’a jamais réussi à faire construire un pipeline. Et nous n’aurons jamais, dans l’histoire de ce pays, autant parlé d’environnement dans les médias. Nous avons aussi été témoins de la plus importante mobilisation de toute l’histoire, non pas du Canada, mais de toute l’Amérique du Nord, contre les pipelines et les infrastructures de production et de transport d’énergie fossile. 250 000 personnes dans les rues de Montréal, 25 000 dans les rues de Québec et Ottawa, la création de centaines de comités citoyens tout au long des trajets de ces pipelines, des centaines de milliers de signatures de pétitions, etc.

Devant cette mobilisation, Harper a tenté de couper le financement des groupes écolos et les a attaqués dans les médias, ainsi que par des audits abusifs faits par Revenu Canada. Les groupes environnementaux ont riposté en développant des sources de financement autonomes. Pendant tout ce temps, leur membership a fait des bonds de géant!

Soyons clair, je préfère de loin Trudeau à Harper. Ce que je dis, c’est que la bataille contre les politiques explicitement anti-environnement de Harper a créé l’espace médiatique et politique pour que Trudeau soit porté au pouvoir avec plusieurs promesses vertes.

Ce qui est vrai de Harper l’est aussi, dans une moindre mesure, de George W. Bush. Lorsqu’il fut élu la première fois en 2001, il avait promis de construire des centaines de centrales au charbon. Après deux mandats comme président, il n’en avait construit aucune. Qui plus est, 200 centrales avaient, au contraire, fermé leurs portes!

Comme des dizaines de millions d’Américains, je suis horrifié par les propos de Donald Trump. Et pour cette raison, je suis persuadé que nous assisterons à la plus grande mobilisation contre ses politiques environnementales que les États-Unis aient jamais connue.

Enfin, Donald Trump veut favoriser la création d’emplois. Or, les emplois en 2017 sont de plus en plus nombreux du côté des énergies renouvelables et des technologies vertes et de moins en moins dans les secteurs traditionnels des énergies fossiles. Un bon nombre d’États américains ont déjà une belle longueur d’avance dans les énergies vertes et c’est loin d’être une orientation démocrate, les gouverneurs républicains ont beaucoup soutenu ce virage.

Je vous fais cette prévision: dans quatre ans, lorsque nous ferons le bilan du premier mandat Trump, il n’aura réussi à faire construire ni une centrale au charbon ni le pipeline Keystone XL et les groupes écolos américains auront grossi leurs rangs.

Vous ne le croyez pas? Le tunnel à traverser est sombre, je vous l’accorde, mais la mobilisation sera forte pour arriver indemne à l’autre bout.

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