Les dernières démissions au sein de l’équipe de procureurs ont fini par avoir un impact sur l’avancement des travaux de la Commission Charbonneau. La commission a ainsi annoncé lundi qu’elle suspendait ses audiences plus tôt que prévu. «La rencontre et la recherche de témoins pour les audiences publiques de la commission génèrent un travail colossal, tant pour les procureurs que pour les enquêteurs et les analystes. Nous avons besoin de ce temps pour maintenir la qualité des audiences», a plaidé la procureure en chef de la commission, Me Sonia LeBel.
La présidente, France Charbonneau, a accepté la requête. C’est donc le jeudi 29 novembre que se tiendra la dernière audience de la commission pour l’année 2012. Les audiences reprendront le 21 janvier 2013. La commission ne sera pas en congé pour autant. Cette pause permettra de rencontrer des «témoins potentiels», a indiqué Me LeBel. La commission avait prévu siéger jusqu’au 20 décembre et reprendre le 14 janvier.
En point de presse, Me LeBel a reconnu que les démissions du procureur en chef, Me Sylvain Lussier, et du procureur en chef adjoint, Me Claude Chartrand, ont eu un impact sur les travaux de la commission. En septembre, Me LeBel avait annoncé que l’équipe de procureurs comptait entendre 50 témoins cet automne. La commission en aura finalement entendu un peu plus de 30. Il est encore trop tôt, selon Me Lebel, pour annoncer un report du dépôt du rapport final, qui doit avoir lieu en octobre 2013. «Je ne pense pas qu’on puisse dire qu’on est en retard», s’est-elle défendue.
La commission prévoit tout de même procéder à des embauches pour prêter main-forte aux 90 personnes qui travaillent déjà pour la commission. Malgré le fait que plusieurs personnes ont reçu des citations à comparaitre, la commission semble s’essouffler depuis que quatre fonctionnaires de la Ville de Montréal ont nié avoir pris part au système de corruption et de collusion. Par ailleurs, les révélations se font de plus en plus rares et les témoins sont pour la plupart des entrepreneurs qui, bien qu’affectés par le système de collusion, ne sont pas au cœur des stratagèmes.
Cependant, sans preuve, la commission ne gagnerait rien à faire comparaître des entrepreneurs du cartel qui nieraient tout en bloc. Me LeBel a toutefois été avare de commentaires à propos du déroulement des enquêtes, signalant que, si les audiences sont publiques, ce n’est pas le cas des enquêtes. Par ailleurs, signalons que Me Denis Gallant a été nommé procureur en chef adjoint.
