Près de trois mois après la légalisation du cannabis, le Québec peine à approvisionner ses clients. Il fait pâle figure par rapport à plusieurs autres provinces canadiennes.
Mercredi, 89% des produits vendus par dans les succursales de la Société québécoise du cannabis était en rupture de stock. Par exemple mercredi, la société d’État n’était en mesure de vendre en ligne que six sortes de fleurs séchées alors qu’elle en avait référencé 47.
À l’automne, la SQDC avait invoqué des problèmes d’approvisionnement de la part de ses fournisseurs. «Les producteurs ont donc un travail colossal à faire pour respecter leurs engagements auprès de la SQDC. Notons que les difficultés d’approvisionnement touchent l’ensemble des juridictions canadiennes», avait indiqué la SQDC dans un communiqué de presse émis le 28 octobre.
La production de la marijuana se faisant sur un cycle d’environ trois mois, les arguments pouvaient être recevables à l’époque. Mais aujourd’hui, un coup d’œil dans les provinces voisines permet de remarquer que l’herbe y semble plus verte.
Sur le site internet gouvernemental Ontario cannabis store, pas moins de 88 types de fleurs séchées étaient disponibles mercredi en fin de matinée. Un représentant de l’organisation n’a pas pu préciser le taux de rupture de stock.
En Alberta, 76% des 85 types de fleurs séchées en vente étaient disponible à la vente en ligne. En Colombie-Britannique, le BC Cannabis Stores affichait mercredi que la moitié de ses produits séchés étaient offerts «en quantité limitée», mais comme son catalogue en ligne comprend plus de 140 différents types de cocottes, le consommateur a l’embarras du choix.
Au Nouveau-Brunswick, par contre, la situation n’est pas reluisante puisqu’une grande partie des boutiques sont, elles aussi, en rupture de stock, tel qu’indiqué sur le site gouvernemental Cannabis NB. Toutefois, l’offre en ligne reste large, avec pas moins de 51 types de fleurs séchées disponibles en plusieurs formats. C’est huit fois plus qu’au Québec. Rappelons qu’il est interdit à un consommateur de cannabis récréatif de commander le cannabis d’un autre réseau que celui de sa province.
La SQDC n’a pas été en mesure d’expliquer pourquoi les autres provinces avaient redressé la barre et pas le Québec. «Ça reste un défi et on travaille fort avec nos fournisseurs», a expliqué mercredi son porte-parole Fabrice Giguère. Ce dernier n’a pas voulu donner plus de détails ou expliquer le plan de rétablissement, indiquant qu’il s’agissait «d’informations confidentielles».
Hugô St-Onge, le porte-parole du Bloc Pot, n’est pas surpris. «Au Québec, il se consomme près de 200 tonnes de cannabis par an et la SQDC a commandé pour 64 tonnes. Alors, si en plus, il y a des problèmes de distribution et que des ententes d’exclusivité ont été signées, cette situation n’est pas surprenante», a-t-il dit.
M. St-Onge réitère que la solution pourrait venir de l’établissement d’un réseau parallèle de boutiques de petits producteurs. «Ça permettrait de répondre à la demande tout en régularisant une partie du marché noir, qui n’est pas lié au crime organisé». Il souligne d’ailleurs «qu’il y a déjà des lois bien meilleures pour s’attaquer correctement à l’enjeu de la vente du pot par le monde interlope».
Malgré les ruptures de stock, la SQDC a indiqué cette semaine qu’elle lancerait un projet pilote au cours duquel trois succursales ouvriraient leur porte dès le mercredi, plutôt que le jeudi «afin de voir si cela permettait de réduire les files d’attente». Aucune de ces boutiques n’est située à Montréal. Elles se trouvent à Lebourgneuf, Drummondville et Sainte-Foy.