Les Sœurs grises de Montréal veulent transformer leur ancien hôpital du Vieux-Montréal en lieu de recherche archéologique et de diffusion du patrimoine historique ouvert aux visiteurs.
La congrégation, qui a vu le jour en 1737 sous l’impulsion de Marguerite d’Youville, ne compte plus que 212 âmes, dont 150 vivent désormais au Square Angus. Après avoir orchestré récemment la session de deux autres édifices, elles ont présenté mercredi le projet de transformation de la Maison de Mère d’Youville.
Construit en 1693, l’ancien hôpital général de Montréal aurait un nouveau souffle avec l’aide de l’Université de Montréal, qui compte y installer son Laboratoire d’archéologie durable. Sept chercheurs et une cinquantaine d’étudiants y seraient notamment chargés d’analyser et de présenter aux visiteurs les imposantes archives de la congrégation, dont la grande majorité n’a jamais été dévoilée publiquement.
«On ne veut pas laisser un trésor comme cela s’évanouir, mais plutôt le remettre à la communauté», a déclaré Sœur Aurore Larkin, la supérieure générale de la congrégation.
Rapprocher l’enseignement et la recherche en archéologie du public est une tendance récente qui n’est pas forcément nouvelle en soi, mais ce qui est unique, c’est que cela se fasse avec un site de cette valeur», a mentionné Frédéric Bouchard, le doyen de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal.
Si les Sœurs grises investissent 4M$ dans le projet et que l’Université de Montréal allonge 1,2M$, les autres ordres de gouvernement n’ont pas encore confirmé leur contribution. Ils n’avaient d’ailleurs envoyé personne à la conférence de presse. «Les discussions qu’on a avec la Ville, qu’on rencontre demain [jeudi] ,et celles avec le ministère sont très prometteuses», a affirmé Hubert Gauthier, le directeur général de la congrégation.
Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on se dit conscient de l’importance du patrimoine mais on ajoute: «nous croyons que le financement de tous les paliers doit être cohérent et adapté à la capacité de payer des contribuables». Rappelons que la Ville vient déjà d’acquérir le couvent des Soeurs hospitalières qui comprends aussi un musée.
Même s’il n’a pas été consulté et qu’il ne connaît donc pas complètement le dossier, l’organisme Héritage Montréal se félicite de la nouvelle. «Les bâtiments patrimoniaux, ce n’est pas comme des tableaux qu’on met dans un coffre-fort. Ils ont besoin d’être habités», a souligné Dinu Bumbaru, d’Héritage Montréal, avant d’ajouter «qu’on ne peut pas municipaliser tous ces bâtiments et qu’il est donc important d’établir des partenariat durables».
La cession d’ancien couvents n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Si un autre bâtiment des Sœurs grises a été cédé avec succès à l’Université Concordia au centre-ville, la construction décriée d’une école est désormais envisagée dans les jardins. Rappelons aussi qu’il y a cinq ans, l’Université de Montréal, qui avait acquis au rabais le couvent du 1420 Mont-Royal, l’avait ensuite revendu dans la controverse à un constructeur de condos de luxe.