En 2018, la Ville de Montréal a collecté 26% plus de déchets de table grâce aux bacs bruns distribués aux Montréalais. Toutefois, des disparités existent selon les arrondissements et la collecte connaît bien des obstacles.
Au compost, citoyens!
L’année dernière, Montréalais ont envoyé 36 000 tonnes de matières putrescibles afin qu’elles soient compostées. Cette hausse de 26% est principalement due au fait que de plus en plus de ménages ont reçu leur bac brun destiné aux matières putrescibles (+21% en 2018).
C’est aussi parce que les Montréalais sont plus efficaces. Selon les données obtenues par Métro en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, les ménages ont mis en moyenne 67kg de restes de table dans leur bac brun en 2018. En 2017, c’était 63kg et en 2016, 57kg.
Cependant, tous ne trient pas leurs déchets de table avec la même assiduité. Si les citoyens d’Outremont (87kg par logement par an) et de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (84kg) trônent en haut du classement, ceux de LaSalle (51kg) et du Sud-Ouest (49kg) ferment la marche. Quatre arrondissements, qui collectent ensemble les restes de table avec les résidus verts, ont été exclus des comparaisons.
Distribution incomplète
Environ 91% des 540 000 portes visées ont reçu un bac. C’est dans Ville-Marie (60% de déploiement) que la distribution est la moins avancée. Les derniers ménages concernés sont situés dans sept arrondissements devraient recevoir le leur d’ici la fin de l’année. Notons que cette distribution ne concerne pas les édifices de moins de neuf logements. Ces derniers devront attendre la construction des premières infrastructures de compostage, qui ont pris plusieurs années de retard. Aucun échéancier les concernant n’a été jusqu’ici présenté.
Même si les Montréalais ont fait des progrès en matière de tri des résidus de table, ils figurent encore bien loin des Torontois, qui collectent 166kg de matières putrescibles par porte. Il faut dire qu’au Québec le bac brun n’est pas encore entré dans les mœurs. En effet, 33% de ceux qui en ont reçu un avouent ne pas l’utiliser, selon une étude SOM commandée en 2015 par Recyc-Québec.
Infrastructures retardées
C’est en 2010, à l’époque où Gérald Tremblay était maire de Montréal, qu’Ottawa et Québec ont délié les cordons de la bourse pour la construction de cinq infrastructures de compostage à Montréal, au coût de 215M$. L’objectif était que chaque municipalité prenne en charge ses propres déchets à partir de 2020. Au départ, les deux usines de biométhanisation, les deux centres de compostage et le centre pilote de prétraitement devaient être achevés en 2014. Or, neuf ans plus tard, aucune pelletée de terre n’a été prise et les estimations totales sont désormais de 589M$, a dévoilé récemment The Gazette.
Seuls deux projets sont actuellement sur les rails. Le premier est le centre de compostage de Saint-Laurent, dont les estimations des coûts de construction (146M$) ont triplé depuis quatre ans. À cette somme s’ajoutent 29M$ sur cinq ans pour la gestion de l’usine par Suez Canada à partir d’août 2021.
«Ce sont des projets qui mettent du temps à aboutir, et là, on va de l’avant», a déclaré hier la mairesse Valérie Plante. À l’opposition officielle qui l’accuse de s’engager sans réel plan d’affaires et qui demande que la vérificatrice générale étudie le dossier, la mairesse a rétorqué que la Ville «a évalué le projet en tenant compte du prix courant et de ce qui se passe dans d’autres régions du Québec, où le prix pour ce genre de projet augmente».
Pour la construction d’une usine de biométhanisation des déchets à Montréal-Est, qui est actuellement évaluée à 126,4M$ (en hausse de 75%), la Ville compte négocier avec Suez, le seul soumissionnaire à son appel d’offres. Les trois autres projets, envisagés initialement à Montréal-Est, à Rivière-des-Prairies et à LaSalle, sont pour le moment reportés.