Une étude du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ) parue mardi démontre que 48% des immigrants formés à l’étranger considèrent avoir été mal informés lors de l’obtention de leur titre professionnel, la documentation ne «correspondant pas du tout à la réalité québécoise».
«On constate que la plupart des personnes qui font des demandes d’accès auprès d’entreprises ou d’organismes considèrent que la documentation qu’ils reçoivent est complètement déconnectée, explique à Métro la présidente du CIQ, Gyslaine Desrosiers. Bien souvent, ces gens-là ne sont pas membres d’un Ordre dans leur pays, donc il y a un certain décalage.»
D’après la présidente, il urge de créer des mécanismes «pour avoir une information plus adéquate en amont».
«On s’aperçoit qu’il y a un immigrant sur quatre qui fait sa demande avant même d’arriver ici. C’est tout un choc de réalité quand il débarque. Si une démarche est entamée avant le départ, on pourrait être en mesure de donner plus d’informations.» -Guylaine Desrosiers
Parmi les personnes immigrantes sondées, un constat est catégorique : l’accompagnement doit être resserré. 80% d’entre elles disent n’avoir reçu «de l’aide que de la part de leurs ordres professionnels». Plus de 60% des répondants souhaitent par ailleurs «un meilleur accompagnement» de ceux-ci et réclament une préparation plus rigoureuse aux examens. Plus du tiers d’entre eux veulent aussi un suivi plus adéquat du ministère de l’Immigration lui-même.
Sans être alarmante, la situation est préoccupante, plaide le CIQ. «On doit corriger le tir. Il reste que les professionnels formés à l’étranger ont souvent une scolarisation importante. Notre étude veut aussi montrer l’heure juste, afin qu’on ne reste plus sur des impressions», ajoute Mme Desrosiers.
Autre problème crucial dans l’intégration des diplômés hors-Québec : leur adaptation à la conciliation travail-études-familles, dont les modalités changent d’un pays à l’autre. L’an dernier, les deux-tiers des immigrants concernés avaient une famille à charge au moment de leur demande.
De ce nombre, 33% ont dit «avoir de la difficulté à maintenir l’équilibre». «Si tu es déjà un professionnel qualifié et que tu arrives ici pour recommencer à zéro ce que tu avais déjà… et que tu as le fardeau de la famille en plus. Tu te fais à l’idée que ça n’arrivera pas», confie l’un d’eux dans une liste de témoignages anonymes dévoilés par le CIQ.
Pour Gyslaine Desrosiers, il s’agit de nouveau de travailler en prévention. «Les gens qui arrivent ici avec des familles à charge font face à des problèmes et des défis de ressources financières imposants. Encore là, ça prend plus d’accompagnement à l’arrivée», déplore-t-elle.
Des solutions?
D’ici les prochains jours, l’étude du Centre sera déposée devant l’Office des professions. Les ministres et les élus qui y siègent «pourront en prendre connaissance et surtout, j’espère, en tenir compte pour implanter des mesures afin de changer les choses», dit la présidente.
Parmi les pistes de solutions que les immigrants sondés privilégient, l’idée d’un service d’orientation et d’employabilité spécialisé par domaine est la plus populaire (36%), suivie par de plus grands et de plus nombreux canaux d’informations (34%), de l’aide financière (30%) et du soutien dans la recherche de stages (16%).
«Il y a plusieurs personnes qui nous disent qu’elles aimeraient mieux aller en stage pour évaluer ce qu’elles maîtrisent avant de s’imposer des formations théoriques auprès des ordres professionnels. Ça pourrait être regardé», convient Mme Desrosiers.
À l’échelle de la province, seulement 10 ordres professionnels réunissent ensemble plus de 80% des demandes d’accès des diplômés hors-Québec, faisant dire au CIQ qu’il faudrait peut-être aussi veiller à diversifier les besoins de main-d’œuvre à l’échelle de la province.