Un an jour pour jour après la légalisation du cannabis au Canada, la consommation en milieu de travail est encore «problématique» pour les employeurs. C’est du moins ce que conclut la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), dans un nouveau rapport paru jeudi.
«Dès le départ, on avait demandé au gouvernement d’informer les PME. Malheureusement, comme on le voit trop souvent, l’information n’a pas été clairement et bien communiquée. On n’est pas plus avancés», explique à Métro le directeur principal de la recherche à la FCEI, Simon Gaudreault.
Il condamne un «manque flagrant de renseignements» pour les employeurs en matière de cannabis, «alors que de nouveaux produits sortent sur le marché».
Et pour cause: près de 60% des propriétaires trouvent «plutôt ou très insuffisants» les efforts du gouvernement en matière d’information et de sensibilisation sur le cannabis, d’après un sondage piloté par la FCEI.
Plus du tiers des répondants avouent d’ailleurs n’avoir aucune politique sur les drogues et l’alcool au sein de leur entreprise.
«Ça nous montre qu’il y a encore énormément de travail à faire pour rétablir le dialogue avec les autorités publiques, analyse M. Gaudreault. Tout le monde y gagnerait, incluant le travailleur. Si on sait où la ligne est, on évite de la franchir et d’en subir les conséquences.»
En outre, la FCEI recommande au gouvernement Legault «d’entrer directement en contact avec les propriétaires d’entreprises». «Pour plusieurs, les nouveaux défis associés à la légalisation ne sont encore pas clairs. Ils ont besoin de savoir», insiste le porte-parole.
Des employés aussi en colère
Jeudi, en matinée, le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a condamné les «piètres conditions de travail» des employés de la Société québécoise de cannabis (SQDC), un an après la légalisation.
Conseillers à bout de souffle, possibilités salariales difficiles, manque à gagner dans les conventions collectives; la situation doit changer, martèle le leader syndical David Clément. Une «vague de démissions» a eu lieu cette année au Québec selon lui.
«Si la SQDC veut conserver l’expertise développée par ses salariés, elle devra s’assurer de remédier aux conditions de travail actuelles qui ne sont tout simplement pas dignes d’une société d’État.» -David Clément, leader syndical du SCFP-5454
Le syndicat dit plaider pour qu’une convention collective «satisfaisante» soit signée dans les plus brefs délais avec l’employeur pour éviter le pire.
«Ce premier anniversaire représente malheureusement les souvenirs d’une année de pauvreté à 14$/heure, des horaires de travail connus seulement 5 jours d’avance, en plus de l’achalandage permanent dans les succursales», avance également M. Clément.
Au début octobre, le directeur général de la Société québécoise du cannabis (SQDC), Jean-François Bergeron, affirmait que le regard des municipalités sur le cannabis s’était pourtant assoupli en un an. «Les Villes nous accueillent maintenant volontiers en nous localisant dans des endroits plus visibles, au cœur de leur activité économique», avait-il soutenu devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CMMM).