Montréal

L’espérance de vie, l’espoir du changement

L’automne a été difficile pour ma mère. Elle a perdu deux de ses sœurs les plus proches, sa petite sœur Lise et sa grande sœur Françoise.

J’étais aux funérailles de Françoise samedi dernier avec ma conjointe et mon p’tit dernier, Salvador, 7 mois. Nous avons parcouru la vie de cette femme, regardé de vieilles photos et pleuré son départ.

Quand Françoise est née en 1932, l’espérance de vie était de 62 ans. Françoise a dépassé cette prévision de presque 20 ans! Une belle et longue vie.

En 1932, il n’y avait que deux milliards d’humains, la télévision n’existait pas, la voiture était un gadget de luxe et le cadeau de Noël de plusieurs enfants était… une orange. Pendant la vie de Françoise, les villages ruraux ont été électrifiés, la télévision est devenue notre principale source d’information, la voiture notre mode de déplacement quotidien, et l’avion un choix banal pour nos vacances! Françoise est née dans l’austérité d’une maison de ferme sans électricité avec 15 frères et sœurs à nourrir. À son départ, elle socialisait sur Facebook avec ses trois enfants, ses petits enfants et même son neveu! Quel progrès!

Les changements inouïs qu’a vécus Françoise, me donnent espoir. Si on avait dit à ma grand-mère en 1932 qu’un jour, tous ses enfants auraient une voiture, une maison, une télévision, un ordinateur et un accès gratuit aux écoles et hôpitaux de la province, elle ne vous aurait sans doute pas cru! De la même façon, quand des économistes et des scientifiques nous présentent des rapports qui démontrent que l’on pourrait se passer du gaz, du pétrole et du charbon, nous avons de la difficulté à le croire (c’est pourtant non seulement vrai, mais absolument essentiel)!

Selon Statistique Canada, l’espérance de vie de Salvador est de 83 ans. S’il bat cette prévision de 20 ans, comme l’a fait Françoise, il sera encore sur cette belle planète bien au-delà de 2100!  S’il vit jusqu’à cet âge vénérable, il s’éteindra entouré de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants.

En 2100, les Nations unies prévoient que la population de la Terre sera de 10 milliards d’humains. L’agriculture pourra-t-elle nourrir tout ce monde ou aura-t-elle détruit le sol et l’eau desquels elle dépend? Aurons-nous réussi à éviter les pires scénarios climatiques ou le climat sera-t-il devenu insupportable? Les crises environnementales auront-elles fait émerger les énergies renouvelables ou serons-nous aux prises avec les pires déplacements et conflits humains de notre histoire?

La vie n’est pas si courte, elle est même de plus en plus longue. Le temps d’une vie, beaucoup de choses changent. C’est un fait. Comment la société change, cela est notre entière responsabilité.

Françoise laisse dans le deuil trois enfants et sept petits-enfants. Le plus bel hommage qu’il m’est donné de lui faire est de contribuer à leur construire une société juste et écologique.

Au revoir ma tante.

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