«Que puis-je faire»? Voilà une question qu’on me pose souvent. Je ne vous parle pas ici des gestes qu’on peut poser au quotidien (et qui sont très importants), mais plutôt des gestes à poser pour influencer nos choix collectifs. Que puis-je faire pour promouvoir le bio? Que puis-je faire pour arrêter un projet de pipeline qui passe dans ma cour? Que puis-je faire pour faire bouger notre gouvernement sur le climat? Derrière ces questions, je détecte souvent un sentiment d’impuissance ou bien tout simplement un manque d’information.
Malheureusement, on n’offre pas encore un cours sur la citoyenneté à l’école. Dans ce cours, on y apprendrait comment fonctionne un conseil municipal, l’Assemblée nationale et le Parlement. On rencontrerait un élu pour comprendre le travail qu’il fait. On analyserait les médias et leur rôle. On discuterait du rôle des groupes de pression. Il serait question de l’histoire des mouvements sociaux : de l’affranchissement des esclaves en Grande-Bretagne au XIXe siècle jusqu’au mouvement Occupy Wall Street en passant par Gandhi, Martin Luther King, les syndicats et j’en passe… Enfin, il serait question du pouvoir des citoyens et des moyens à leurs disposition pour influencer les décisions collectives dans notre démocratie.
Par les temps qui courent, on me pose souvent cette question à l’égard du projet de pipeline Énergie Est de Transcanada.
Dimanche passé, j’ai marché dans les rues de New York avec 400 000 personnes qui se mobilisent contre des projets de pétrole, de gaz et qui proposent des solutions comme le transport en commun, le vélo, les véhicules électriques, l’énergie solaire, etc. Ils venaient de partout en Amérique du Nord. Des milliers de personnes ont aussi marché à Montréal, à Québec, à Tadoussac et dans une vingtaine de villes au Québec.
Voilà donc une chose qu’on peut faire : marcher! Tous les mouvements qui ont réussi une transformation sociale importante ont utilisé ce moyen.
Mais quoi d’autres? Voici quelques idées.
Informez-vous! L’information, c’est le pouvoir. Abonnez vous aux bulletins d’Équiterre, de la Fondation Suzuki ou de Pembina (si vous lisez l’anglais). Faites vos recherches sur le web. Participez à des ateliers et des conférences (il y en a des gratuites presqu’à tous les jours, notamment à la Maison du développement durable).
Partagez l’information et vos inquiétudes! Et je ne parle pas juste de Facebook, même si c’est important. On a tendance à être cynique à l’égard de nos élus, mais si on ne se fait pas entendre, comment ensuite leur reprocher de ne pas agir? Une lettre (oui, oui, en papier) adressée à votre député ou à votre conseiller municipal sera lue et prise au sérieux. Une lettre ouverte dans un journal local sera aussi remarquée.
Interpelez vos élus! Vous pouvez leur écrire, bien entendu, mais vous pouvez aussi les appeler ou les rencontrer. À l’âge de 14 ans, j’ai réussi à rencontrer mon député fédéral pour un travail d’école; ils sont plus disponibles que vous le croyez. S’il ne veut pas vous rencontrer, allez à sa rencontre dans une fête de quartier, une réunion de l’école ou un tournoi d’hockey… Et dites-lui ce que vous pensez.
Prenez la parole! Il existe une foule de lieux pour faire part de votre point de vue. Dans le cas d’un pipeline, les instances suivantes devront se prononcer et accepteront de vous entendre : le conseil municipal, le Bureau d’audiences publiques en environnement, l’Office nationale de l’énergie et la Commission de protection du territoire agricole.
Regroupez-vous! Tout le monde a le droit de parole dans notre démocratie, mais nul n’est tenu de vous écouter. Si vous êtes 10, 100 ou 500, il devient plus difficile de faire la sourde oreille. Utilisez les médias sociaux pour organiser une rencontre dans votre quartier ou village. Organisez une conférence ou une marche. Invitez vos élus à y prendre la parole (ils aiment bien parler). Ils seront sensibilisés à votre cause par le fait même. Sachez que plus on connaît un projet, comme celui du pipeline de Transcanada, plus on a tendance à s’y opposer!
Soutenez des groupes! Devenez membre d’Équiterre, faites un don à votre groupe écolo préféré ou offrez-leur un coup de main. Des groupes comme Équiterre nous permettent de nous doter de l’expertise et de la visibilité nécessaire pour combattre des méga projets comme les pipelines et pour proposer des alternatives crédibles. Avec 11 000 membres, Équiterre est déjà une force formidable au Québec. Imaginez si nous étions 50 000 ou même 100 000!
Je ne pourrais pas terminer une chronique du genre sans vous proposer un geste concret à poser. Le dimanche 12 octobre à midi, la Fondation David Suzuki invite les citoyens à sa Marche des générations, dans le cadre de sa campagne sur le droit de vivre dans un environnement sain. Alors, que pouvez-vous faire? Marcher!