Montréal

Des chauffeurs d’autobus craignent le pire sur le boulevard Gouin

Simon Bousquet-Richard - simon.bousquet-richard@tc.tc

Des chauffeurs d’autobus croient qu’il y aura éventuellement un accident impliquant leur véhicule et un piéton, un cycliste ou un triporteur sur le boulevard Gouin, près des résidences pour personnes âgées.

«Ça me surprend qu’il n’y ait pas encore eu d’accident», déclare Hugo Berthiaume, chauffeur depuis 12 ans.

La configuration de cette piste cyclable à double sens pose particulièrement problème pour les autobus qui circulent en direction ouest puisque les arrêts sont situés sur les voies cyclables. Lorsqu’un cycliste, qui roule en direction est, y passe en même temps qu’un autobus, les deux véhicules se retrouvent face à face.

Il n’y a pas que les arrêts qui rendent la circulation périlleuse, selon les chauffeurs. Plusieurs piétons empruntent aussi la piste cyclable en raison de l’absence de trottoir du côté nord de la chaussée, sur de grandes portions du boulevard Gouin.

«Quand on passe là, il y a des autos, des cyclistes, des piétons et des triporteurs, explique M. Berthiaume. Quand, par exemple, il y a des personnes âgées qui s’arrêtent, ça déborde dans la rue. Tout ce monde-là a priorité alors, c’est moi qui dois gérer ça.»

Voies réservées
Les chauffeurs en ont d’ailleurs assez des vélos qui les ralentissent. Une pétition circule parmi eux pour réclamer plus de fermeté à l’égard des cyclistes qui roulent dans les voies réservées aux autobus, durant les heures de pointe.

«Je suis moi-même une cycliste alors, je suis tolérante, explique pour sa part Victoria Fazio, chauffeuse depuis 20 ans. Ce qui me frustre c’est quand les cyclistes empruntent la voie réservée plutôt que la piste cyclable située quelques rues plus loin.»

Les chauffeurs sont particulièrement irrités par l’arrogance de certains cyclistes.

«Le cycliste pense qu’il est dans son droit et qu’il a priorité. Je suis d’accord, mais nous sommes 70 dans l’autobus, donc celui qui est seul sur sa bicyclette pourrait nous laisser passer», estime un chauffeur qui préfère rester anonyme.

La dizaine de chauffeurs interrogés se plaignent d’être souvent ralentis par les bicyclettes, notamment lorsqu’ils arrivent aux arrêts.

«Nous voulons embarquer notre monde, mais ils ralentissent alors, on reste pris en arrière d’eux. Nous devons respecter nos horaires, mais nous ne pouvons pas rouler dans notre voie parce que les cyclistes prennent beaucoup de place», raconte Louise Jolicoeur, chauffeuse depuis 15 ans.

Si certains parviennent à dépasser les vélos, ils s’attirent parfois la foudre du cycliste, comme le raconte un chauffeur rencontré au terminus de la station Henri-Bourassa.

«La semaine passée, je roulais dans ma voie réservée et, lorsque j’ai arrêté à une lumière, il y a une fille en vélo qui est venue se placer devant moi. Je l’ai dépassée sécuritairement trois fois, mais chaque fois elle venait se replacer devant moi à l’arrêt. La dernière fois, elle m’a engueulé parce qu’elle disait que c’était dangereux quand je la dépassais», raconte un chauffeur.

Depuis l’incident, il suit patiemment les cyclistes sans les dépasser.

«Je laisse aux passagers le soin de s’en occuper. L’autre jour, il y en a un qui est débarqué pour attendre le cycliste au coin et il l’a engueulé», conclut-il.

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