«Tannées de se faire passer un sapin» lorsque le gouvernement Couillard annonce des mesures de rigueur, des femmes de Rivière-des-Prairies en ont passé un au député Marc Tanguay, le 15 avril, au terme d’une manifestation contre les «impacts spécifiques sur les femmes» qu’entraînent ces mesures.
Organisée par le Centre des femmes de Rivière-des-Prairies, dans le cadre de la Marche mondiale des femmes 2015, la manifestation a débuté au centre communautaire du boulevard Perras, vers midi.
Escortées par les policiers, environ 75 personnes ont marché en direction du bureau du député de LaFontaine, Marc Tanguay.
Sur place, les manifestants ont posé de petites affiches signées sur un sapin installé devant le bureau du député. Pourquoi un sapin? «Parce que nous sommes tannées de nous en faire passer un», lance Isabelle Rivard, agente de mobilisation au Centre des femmes de Rivière-des-Prairies.
Appauvrissement
«Femmes en colère, femmes solidaires» et «choisir l’austérité, c’est aggraver la pauvreté», faisaient partie des slogans entendus pendant que les manifestants déambulaient au beau milieu de la rue, dans une ambiance festive.
«Les femmes sont les grandes perdantes des mesures de rigueur annoncées: elles l’étaient autrefois et elles le sont encore. Ce n’est jamais le temps pour elles de profiter de la fameuse reprise économique», peut-on lire dans une déclaration que les organisateurs de la manifestation ont déposée au bureau de M. Tanguay.
«À la base, les femmes gagnent souvent moins que les hommes [sur le marché du travail]. Quand elles se retrouvent, par exemple, chefs de famille monoparentale, des mesures comme la hausse des frais de garderie appauvrissent davantage les femmes», souligne Silvana Salvatore, coordonnatrice du Centre des femmes de Rivière-des-Prairies.
Ces propos trouvent écho chez Isabelle Vigneault Bouchard, qui participait à la marche non seulement en tant que directrice de la Maison de la famille Cœur à Rivière, mais aussi à titre de mère, d’étudiante et de femme.
«Quand c’est plus économique de rester à la maison que d’aller travailler et de payer une garderie, le calcul n’est pas difficile à faire», affirme-t-elle.
Elle se dit inquiète de voir disparaître le Québec pour lequel s’est battue sa grand-mère, c’est-à-dire une «société égalitaire, où l’on essaie de partager et où tout le monde avait une chance égale dans la vie».
Perte des acquis
Louise Bernard, présidente de la Société historique de Rivière-des-Prairies, rage de constater que, selon elle, «les acquis des deux générations précédentes, pour lesquels les femmes se sont battues, se font éliminer. L’austérité, c’est sur le dos des femmes qu’on la fait.»
Une fois arrivés au bureau de M. Tanguay, avenue Alexis-Carrel, les manifestants ont remis la déclaration à Jean-François Coderre, l’attaché politique du député Tanguay.
«Vous avez ma parole, elle sera remise au député», a-t-il assuré, avant de féliciter les manifestants d’avoir le courage de descendre dans la rue pour faire valoir leurs convictions.