L’histoire de Fredy Villanueva, abattu tristement par un policier à Montréal-Nord le 9 août 2008, fera l’objet d’une pièce de théâtre à La Licorne au mois de mars 2016. Son auteure veut briser le «lourd silence» qui pèse depuis la tragédie.
Écrite par Annabel Soutar et mise en scène par Marc Beaupré, Fredy replongera les spectateurs dans un tribunal qui, avec sept acteurs et une cinquantaine de personnages – journalistes, policiers, avocats, juge ou témoins – relateront cette affaire hypermédiatisée.
Toutes les paroles de cette pièce auraient été prononcées par les différents intervenants de ce complexe dossier, promet la dramaturge.
«J’ai repris la transcription du procès. Mais je suis également allée dans Montréal-Nord, j’ai interrogé des habitants, des proches, assure Mme Soutar qui a assisté à plusieurs hommages à la victime. J’ai parlé avec des policiers, même si j’ai connu beaucoup de misère pour les approcher. Mais je voulais les comprendre.»
«Ils ont été très critiqués alors que c’est difficile de maintenir la paix dans une société où tout le monde a peur, reprend-elle. C’est à nous, artistes, d’essayer de comprendre l’autre. Alors que l’on parle des réfugiés syriens, que l’on craint d’autres attentats, il faut se rapprocher les uns des autres, se parler et éviter d’avoir peur de son prochain.»
«Montréal-Nord, ce n’est pas le Bronx ! Beaucoup imaginent un quartier de gang de rue. Je veux montrer la réalité aux spectateurs, leur dire d’arrêter de stigmatiser cet arrondissement»
Annabel Soutar, dramaturge, auteure de Fredy.
Un sujet toujours brûlant
Ce n’est pas la première fois que cette native du Westmount se penche sur cette histoire. Professeure de théâtre à l’école Selwyn House en 2009-2010, elle avait invité ses élèves à suivre le procès afin de réaliser une pièce de fin d’année scolaire, réservée aux parents. Les prémices de Fredy.
«J’ai appris beaucoup d’éléments lors de cette enquête. Il fallait prendre du recul pour analyser, comprendre les faits. L’incompréhension demeure et j’ai peur des conséquences si un tel silence perdure, explique la Montréalaise. Je veux que l’on entame une conversation, que l’on rassemble des gens d’origines diverses. Je ressens beaucoup de responsabilités à travers cette pièce, mais j’ai beaucoup d’espoir.»
La plaie de ce drame n’est toujours pas fermée. Plusieurs associations souhaitent la réalisation d’une fresque en hommage à la victime, avec l’apparition de son visage. Une demande présentement refusée par l’arrondissement.
Fredy sera jouée du 1er au 26 mars 2016 au théâtre La Licorne.