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Énergie Est: le milieu municipal satisfait

Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Tant le milieu municipal que les groupes écologistes ont applaudi, jeudi, à l’annonce de l’abandon du projet Énergie Est par TransCanada.

Au cours d’une entrevue, le premier vice-président de l’Union des municipalités du Québec, Alexandre Cusson, s’en est félicité, estimant que ce projet ne passait pas le test de l’acceptabilité sociale.

M. Cusson, qui est aussi maire de Drummondville, rapporte que les municipalités ont maintes fois posé des questions à TransCanada sur les détails du projet et «on n’obtenait pas de réponse».

«C’est une victoire pour la population», s’est-il exclamé, ajoutant que cela démontre que les municipalités et leurs citoyens ne pourront plus être ignorés lors de l’étude de tels projets.

Montréal et Québec

Au nom de la Communauté métropolitaine de Montréal, le maire de Montréal, Denis Coderre, s’est dit «satisfait que TransCanada abandonne ce projet, compte tenu du faible niveau d’acceptabilité sociale qu’il a recueilli».

La CMM regroupe 82 municipalités représentant 3,9 millions de citoyens.

Cette aventure «démontre à quel point on ne peut plus dissocier le développement durable du développement économique, ainsi que la cohésion sociale d’un territoire», a ajouté le maire Coderre.

Et à Québec, le maire Régis Labeaume a exprimé son soulagement: «c’est ici qu’il traversait le fleuve, alors on les attendait avec des centaines de questions; c’est nous qui étions les plus vulnérables», a-t-il lancé.

Il l’avoue d’emblée: «pour nous autres, c’est un danger qui est écarté, pis bravo!»

Écologistes

«C’est une victoire de la société civile, québécoise d’abord, mais il ne faut pas oublier que dans d’autres provinces, notamment l’Ontario et le Manitoba, les gens étaient contre aussi», a commenté au cours d’une entrevue André Bélisle, président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique.

À ses yeux, cette annonce constitue un tournant important. Il espère tout de même une réflexion plus large sur l’exploitation du pétrole provenant des sables bitumineux et ses effets sur le climat et l’eau potable.

De son côté, Patrick Bonin, de Greenpeace, rappelle que les intervenants étaient nombreux à s’opposer au projet, dont les Premières Nations, des comités de citoyens, des municipalités, en plus des groupes écologistes. L’acceptabilité sociale du projet faisait défaut, a-t-il affirmé.

M. Bonin n’est guère surpris de cet abandon, car il estime que le projet d’oléoduc était devenu illogique, après l’adoption de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Employeurs

Seule note discordante: les associations d’employeurs, qui ont exprimé leur déception.

La Fédération des chambres de commerce du Québec estime que ce sont les exigences resserrées de l’Office national de l’énergie qui ont plombé le projet.

«Ce sont des milliers d’emplois en génie civil et en construction industrielle qui ne verront pas le jour au Québec, sans compter les millions de dollars d’investissement et plus de 10 milliards $ de revenus fiscaux à oublier», a critiqué le président-directeur général de la fédération, Stéphane Forget.

Le Conseil du patronat, quant à lui, s’inquiète du message répulsif que cela transmet aux investisseurs potentiels. «La valse-hésitation dont ce projet a été l’objet, autant au palier provincial que fédéral, ne fait que véhiculer un message d’incertitude, de précarité et d’improvisation — le genre de message qui fait fuir les investissements étrangers», a déploré le pdg du CPQ, Yves-Thomas Dorval.

«Nous comprenons l’importance que des ajustements soient apportés pour en assurer l’acceptabilité sociale et la viabilité sur le plan environnemental, mais nous devons collectivement tirer des leçons sévères de cet échec», a ajouté M. Dorval.

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