Québec solidaire invite le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, à aller à la rencontre des victimes du fentanyl dans la circonscription la plus touchée par cette crise, Sainte-Marie-Saint-Jacques.
La députée Manon Massé veut ainsi sensibiliser le ministre à la gravité de ce fléau et l’inciter à consacrer davantage de moyens à le combattre.
Mercredi après-midi, elle a transmis à son collègue libéral un courriel avec une invitation officielle.
Dans une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne, elle a précisé que 41 des 63 cas de surdose au fentanyl recensés dans la métropole ont eu lieu dans sa circonscription, qui est située au centre-ville de Montréal.
Selon elle, il faut agir avant que cette crise ne prenne les proportions de ce qui a été rapporté à Vancouver.
Cette drogue très puissante a déjà fait plus 700 morts depuis le début de 2017 dans cette ville et pas moins de 914 pour 2016.
«On ne veut pas se rendre à ce qui s’est passé à Vancouver, c’est une crise, cette drogue-là tue et on a des moyens pour empêcher ces morts», a-t-elle déclaré.
Une visite du ministre lui permettrait d’être en contact «avec la réalité», avec ce que ces personnes vivent, avec les groupes qui les accompagnent, a-t-elle poursuivi. Mme Massé a fait valoir que la première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, n’a pas hésité à aller à la rencontre des personnes sur le terrain.
«Je souhaite que, par son contact avec la réalité, le ministre donne le coup nécessaire pour investir et sauver des vies», a-t-elle formulé.
La députée réclame un accès plus élargi à la naloxone, l’antidote au fentanyl. Il faut qu’elle soit proche des personnes qui utilisent des drogues injectables, qu’elles en aient avec elles, ou dans les groupes communautaires, chez les pairs aidants ou les travailleurs de rue, a-t-elle précisé.
Le gouvernement Couillard a déjà annoncé plus tôt en septembre des mesures pour contrer la crise du fentanyl. La naloxone est désormais gratuite pour tous les citoyens. Par ailleurs, une enquête épidémiologique a été entreprise pour mieux encadrer les ordonnances d’opioïdes par les médecins.
Toutefois, cela ne suffit pas, selon la députée péquiste d’Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier, dont la circonscription est aussi frappée par la crise. Elle réclame «de l’action», et non un plan d’action, comme ce que le gouvernement s’est engagé à livrer d’ici quelque temps.
Des organismes communautaires de son quartier n’ont pas les moyens de monter la garde sept jours sur sept, a-t-elle indiqué. Mme Poirier dit avoir été elle-même témoin d’une surdose dans la ruelle près de chez elle.
La députée péquiste soutient que la naloxone annoncée n’est pas disponible. «Où? Quand? Comment? On peut bien annoncer qu’il y aura de la naloxone, mais est-ce que les groupes en ont suffisamment? Est-ce que les pharmacies en ont suffisamment? Est-ce que les premiers répondants en ont?»
Pour sa part, l’attachée de presse du ministre, Catherine W. Audet, a dit qu’elle n’avait pas pris connaissance de l’invitation et que le ministre était en déplacement en fin de journée vers Edmonton, pour se rendre à une rencontre avec ses homologues des autres provinces.