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Faire face à l’injustice

Dans une situation d’injustice, les humains choisissent généralement soit de ne pas intervenir et de ne rien faire, en baissant la tête et en continuant leur chemin parce que ça ne les regarde pas, soit d’intervenir, en dénonçant ladite situation ou en essayant de la rectifier et de rétablir la justice autant que possible. Il me semble que la deuxième catégorie, celle des personnes qui ont tendance à agir devant l’injustice, ou du moins à la dénoncer, a toujours été minoritaire, voire marginalisée dans les sociétés humaines. Pourtant, c’est bien grâce à ces personnes et à leurs actions que les sociétés évoluent vers plus de justice et d’équité.

La récente crise diplomatique entre le Canada et l’Arabie saoudite est une illustration du concept d’interventionnisme devant l’injustice transposé à l’échelle d’un pays.

Le régime de l’Arabie saoudite est un régime théocratique absolu et totalitaire. C’est aussi un régime qui applique une politique d’État intrinsèquement injuste envers les femmes et les minorités sexuelles. Quand des femmes saoudiennes osent réclamer leurs droits fondamentaux, de manière paisible et pacifique, le régime les arrête, les juge et les emprisonne comme de vulgaires criminelles, rappelant au passage que les changements et les réformes sont le privilège du roi seul, la plèbe se devant de la fermer, de hocher la tête et suivre le guide tel du bétail sans cervelle.

Dénoncer l’injustice et agir contre elle est un acte noble et courageux. La diplomatie canadienne a bien fait de demander la libération des militantes des droits des femmes détenues par le régime saoudien. Par contre, les puissances occidentales font montre d’une grande hypocrisie dans ce dossier.

C’est dans ce contexte que le Canada avait adressé, poliment, des reproches publics au régime saoudien, demandant notamment la libération de Samar Badawi, militante des droits des femmes et sœur du blogueur Raïf Badawi. La famille Badawi est bien connue au Canada et fait la manchette depuis quelques années; la femme et les trois enfants de Raif résident d’ailleurs à Sherbrooke depuis cinq ans. La réaction du régime saoudien a été étonnamment d’une «violence» inouïe. Relations diplomatiques rompues, ambassadeur canadien renvoyé, liens commerciaux arrêtés, contrats résiliés, étudiants saoudiens rapatriés, etc. À cause d’un simple tweet!

La chef de la diplomatie canadienne a bien fait. Elle a affronté une injustice flagrante en la dénonçant. Certains analystes appellent ça une «erreur» ou un «faux pas» diplomatique. Moi, je trouve ça courageux et noble, et je trouve extrêmement lâche et hypocrite le fait que les puissances occidentales n’aient pas voulu soutenir le Canada face au royaume wahhabite. Où sont les champions autoproclamés des droits de la personne et des libertés? Quand l’Occident a voulu mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, à force de dénoncer, d’agir et de boycotter, ç’a bien fini par réussir. Cependant, le pétrole et la peur de l’Iran font que l’Occident se prosterne devant un régime totalitaire qui bafoue impunément les droits de la personne et qui se fout complètement du reste du monde. C’est révoltant.

J’ose espérer que le gouvernement canadien tiendra le coup cette fois et ne baissera pas les bras devant le régime saoudien. Si le prix à payer, c’est la perte de quelques contrats, alors soit. La vertu n’a pas de prix.

 

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