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La faune des politiciens

Un orignal

Il est rarement question de la faune et de la flore en politique, sauf peut-être lorsque Mélanie Joly nous parle d’écosystèmes culturels.

Mais la semaine dernière, le Journal de Montréal a réalisé des entrevues avec les représentants de quatre partis au sujet de leur vision de la faune du Québec, et plus précisément, de la chasse et de la pêche.

La réponse de Sonia Lebel, candidate de la CAQ, avait de quoi surprendre.

«Nous à la CAQ, on est convaincus que la faune est une richesse naturelle. C’est notre patrimoine québécois. Je me plais à dire que c’est notre Walt Disney collectif.»

Même si on pensait que ça allait de soi, il y a ceci de rassurant qu’elle estime que la faune est une richesse naturelle. Pour ce qui est de Walt Disney, c’est un peu plus inquiétant.

Est-ce qu’un gouvernement de la CAQ mettrait la table pour une waltdisneyisation de la faune?

On se rappelle qu’en mai dernier, le ministre Luc Blanchette déclarait ceci à propos de la modification réglementaire qui force les pêcheurs à faire affaire avec une pourvoirie pour pêcher dans le Nord:

«Vous savez le Grand-Nord, c’est pas une clientèle, c’est pas une clientèle de Wal-Mart, c’est vraiment une clientèle triée sur le volet.»

Alors que le commentaire sur Walt Disney était méprisant pour nos orignaux, ici le mépris est dirigé vers les clients de Walmart. Ou les chasseurs. Ou les deux.

M. Blanchette déclarait aussi dans la même foulée que pour se rendre dans ces pourvoiries, il y avait beaucoup de chemin à faire.

«Entre Kuujuak et le Nord et toutes les régions du Sud, il y a 1500km. À vol d’oiseau, ça veut dire une aéronef. Les conclusions sont palpantes là-dedans.»

Ne vous palpez pas, vous avez bien lu.

Sinon, les politiciens qui nous parlent des animaux s’en servent généralement comme d’une métaphore. Ce fut le cas de Pierre-Karl Péladeau qui, en avril 2016, nous expliquait que le gouvernement libéral y allait à tâtons.

«Moi je pense que c’est un gouvernement qui est un pêcheur à la ligne. Y vont tester pour voir si y’a du poisson à gauche pis à droite, et si malheureusement ça mord, bin là tout d’un coup y vont s’engager, mais malheureusement trop fréquemment, ça ne mord pas, mais ça mord à l’effet inverse, ils ramassent des bottines.»

Il semble que Pierre-Karl Péladeau connaisse moins bien la pêche que Philippe Couillard, qui est un grand pêcheur. Même si cette fois, c’est avec Arthur Porter qu’il pêche.

Dernier petit exemple de l’incursion des animaux dans la politique avec le commentaire de Francine Charbonneau, qui n’avait pas aimé qu’un adversaire compare le traitement des personnes âgées à celui des animaux, en janvier 2017

«Je trouve ça offensant de prendre la comparative d’une loi sur les petits animaux, d’autant plus qu’il n’y a pas de 911 pour les petits animaux. La police existe, les pénalités légales existent. Quand quelqu’un, ou quand on peut faire la démonstration, et c’est là notre enjeu, de quelqu’un qui pose des civismes clairs.»

Non, les animaux ne peuvent pas appeler le 911 lorsqu’ils sont victimes de «civisme». Voilà pourquoi on ne peut les comparer aux humains.

Merci pour la démonstration.

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