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Les sondages d’opinion ou l’effet miroir

Selon le dernier sondage CROP commandé par Radio-Canada, une majorité de Québécois et de Québécoises (les deux tiers environ) serait en faveur d’une réduction de l’immigration et d’une loi interdisant le port de signes religieux pour les personnes en position d’autorité, y compris les enseignants et les enseignantes.

Doit-on s’en surprendre? Pas du tout. C’est l’effet miroir qui joue à plein ici. À force de se faire dire par deux partis politiques majeurs – dont un est au pouvoir – qu’il y a trop d’immigrants et de femmes voilées, pas étonnant que l’opinion publique renvoie l’image façonnée par les discours politiques. Il est même surprenant qu’un tiers des personnes sondées ne soit pas d’accord.

Pourtant, les faits ne justifient pas ce discours. Le Québec est en période de pénurie de main-d’œuvre. Les taux de francisation de l’immigration se sont améliorés. Les études récentes, grâce à de nouvelles données plus appropriées (j’y reviendrai dans un prochain blogue), montrent que les effets économiques de l’immigration sont positifs. La proportion de musulmans au Québec est très faible (environ 4%). Le port de signes religieux concerne une infime partie de la population. Bref, rien ne justifie la peur véhiculée par le discours politique dominant.

Dans un blogue précédent, je posais la question de l’utilité des sondages d’opinion du point de vue de leur contribution à notre compréhension des questions d’immigration et à l’élaboration des politiques publiques. Si ceux-ci ne visent qu’à conforter les discours dominants, au détriment des faits, on entre dans une spirale de cercle vicieux.    

Ceci dit, les sondages d’opinion pourraient être utiles pour orienter des programmes d’information et de sensibilisation des populations aux effets réels de l’immigration. Malheureusement, ce n’est pas la voie choisie par le gouvernement actuel.

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