Alors que la situation s’envenime au Moyen-Orient, quelques jours après l’assassinat d’un haut-gradé iranien, l’armée canadienne a décidé de retirer temporairement ses 500 soldats stationnés en Irak. Certains d’entre eux seront redirigés vers le Koweït.
Cette décision est nécessaire «pour veiller à la sûreté et à la sécurité de nos effectifs», a soutenu le général Jonathan Vance dans une lettre adressée aux Canadiens publiée mardi sur la page Facebook des Forces armées canadiennes.
Celui qui est également Chef d’état-major de la Défense a évoqué des «nouvelles alarmantes» en provenance d’Irak.
«Puisque la situation en Irak est complexe, il vaut mieux interrompre les activités que nous menons là-bas», a-t-il écrit.
Le Canada mène deux missions en Irak afin de combattre l’État islamique. Déployées dans des pays des alentours, ces missions se poursuivront, a assuré le général Vance.
Le premier ministre Justin Trudeau avait discuté de la situation irakienne avec le général Vance lundi. «Nous continuerons de suivre la situation de près et d’encourager la désescalade», avait-il écrit sur Twitter.
Rien ne dit quand le Canada sera de retour en Irak, convient la directrice scientifique du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix (ROP), Marie-Joelle Zahar.
«C’est significatif que le général Vance n’ait pas voulu être définitif», affirme la professeure à l’Université de Montréal.
Raid américain
La décision des Forces armées canadiennes (FAC) survient quatre jours après l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani en Irak dans un raid perpétré par les États-Unis.
La mort du haut-placé iranien a engendré une flambée des tensions en Irak et en Iran. Téhéran et les États-Unis se sont d’ailleurs échangé des menaces de bombardement dans les derniers jours.
Les États-Unis ont annoncé lundi «par erreur» qu’ils se retiraient du pays. La lettre qui ordonnait le retrait des troupes «n’aurait jamais dû être envoyée», a rectifié le ministre américain de la Défense, Mark Milley, quelques heures plus tard.
Plusieurs autres pays, dont l’Allemagne et la Croatie, avaient annoncé dans les derniers jours qu’ils quittaient la région.
Et la suite?
Marie-Joelle Zahar ne s’étonne pas du retrait de ces armées du secteur.
«Les Américains n’ont pas consulté leurs alliés avant le raid. Il est cohérent qu’ils ne soient pas prêts à assumer le poids de représailles pour cet acte», analyse-t-elle.
Mme Zahar entrevoit d’ailleurs un «effet d’entraînement» chez les autres États présents en Irak.
Cet exode militaire pourrait toutefois devenir dangereux, selon l’experte.
«Permettre à Daech de reprendre racine sur le territoire irakien, c’est s’assurer une déstabilisation. Et le Moyen-Orient est une région essentielle à la sécurité internationale.» – Marie-Joelle Zahar