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Les exportations en baisse au Québec, vers une industrie plus locale?

Crise climatique: nous produisons toujours plus de CO2

La crise du coronavirus affecte directement le marché des exportations internationales de marchandises au Québec. Ce dernier a subi un recul important de 5,4% en mars dernier, conclut une nouvelle étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) parue mardi. Selon un expert, ces chiffres sont «peu surprenants», et confirment la volonté de développer une industrie locale et nationale.

C’est surtout «une diminution des exportations d’aéronefs (-43,5 %)» qui serait responsable de cette chute dans la province. Les autres produits contribuant le plus à la baisse en mars sont «les minerais et concentrés de fer (-28%) et de cuivre (-99,9 %)».

En février, ces filières d’impact se portaient beaucoup mieux, et le Québec avait enregistré une hausse de 1,1% de ses exportations internationales. Pour l’économiste à l’ISQ, Geneviève Renaud, ces baisses ne sont malgré tout pas «anormales». «Ce n’est pas la première fois qu’on est sous les -5%, dit-elle. En janvier 2019, on avait atteint les -10% par exemple. Les données du Québec sont très volatiles en réalité.»

À l’échelle du pays, la même logique s’applique. Les exportations diminuent de 4,3% en mars par rapport au mois précédent (+2%). Dans un rapport diffusé au début mai, Statistique Canada indiquait d’ailleurs que la baisse des importations (-11,5%) et des exportations de services (-7,2%) étaient inédites depuis plus de trois ans. «Ces baisses sont survenues à la suite du recul important du nombre de touristes en visite au Canada en raison de la pandémie», y lit-on.

Quel engouement pour la démondialisation?

Pour l’expert en finances publiques à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), Guillaume Hébert, ces chiffres illustrent ce que le monde pourrait devenir après la COVID-19.

«Le thème de la démondialisation devient vraiment d’actualité. Déjà, avant la pandémie, on voyait des mesures protectionnistes être imposées partout dans le monde, mais maintenant, il y a un effet de ressac très fort pour développer l’industrie nationale. La question, c’est de savoir jusqu’où ça va aller.» -Guillaume Hébert, de l’IRIS

Le chercheur affirme que la réunion de plusieurs facteurs, dont les revendications environnementales qui prennent de plus en plus de place dans l’espace public, pourrait changer la donne du marché économique mondial.

«On prend en premier la volonté du retour à une production nationale, puis les questions écologiques et la diminution nécessaire du transport. Ensuite, on ajoute l’effet de la propagation; les gens réalisent qu’il faut pouvoir compter sur notre propre matériel. Tout ça mis ensemble donne de nouvelles façons de faire, même s’il est trop tôt pour prédire quelle ampleur ça prendra», dit-il.

Importations aussi en baisse

Dans son rapport, l’ISQ enregistre également un recul de 2,7% des importations de marchandises au Québec en mars, par rapport à février, qui avait déjà connu une baisse de près de 9%. Là encore, ce sont surtout les aéronefs qui sont durement affectés, subissant une baisse de presque 98%.

Selon des chiffres de l’Association du transport aérien international, la crise du coronavirus met en danger pas moins de 25 millions d’emplois liés de près ou de loin au secteur de l’aviation internationale. Seulement pour l’année 2020, l’industrie se prépare à perdre au moins la moitié de son chiffre d’affaires, soit plus de 320 G$.

«Partout dans le monde, la crise est sans précédent. Les ordres de grandeur sont absolument gigantesques.» -Alexandre de Juniac, PDG de l’AITA, lors d’une conférence au début mai devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Les véhicules utilitaires et les fourgonnettes sont aussi beaucoup moins prisés, avec une chute de presque 7% des importations. Les métaux et le pétrole sortent toutefois gagnants, avec des hausses fulgurantes surpassant les 200% pour les minerais d’or, d’argent et de platine. Le pétrole brut a aussi subi un bond de 10% au chapitre des importations.

D’ailleurs, ces secteurs s’en sortent mieux en termes d’exportations également. L’industrie de l’aluminium (+12,6%) et des rebuts de fer et d’acier (+439,5%) continuent de croître. Idem pour le carburant, diesel et biodiesel.

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