Paul Kalkbrenner, un habitué des manifestations rythmiques à aire ouverte et un géant de l’électronique berlinoise, sera la tête d’affiche de la toute première Électro Parade Montréal demain.
La techno berlinoise jouit d’un héritage symbolique extrêmement puissant: elle a su réunir deux communautés jusqu’alors isolées au moment de la chute du mur, en 1989. Presque 30 ans plus tard, la résonance de ces battements par minute, confectionnés avec une foule de synthés et d’échantillonneurs, demeure énorme dans ce haut lieu du rythme.
Pour Paul Kalkbrenner, un pilier de la scène underground de la capitale allemande au même titre qu’Ellen Allien et Sascha Ring (deux de ses collaborateurs de longue date), ses premiers souvenirs de manifestations dansantes remontent à la Love Parade de 1992, alors qu’il n’avait que 15 ans.
«Le modèle de la première édition, organisée à Berlin-Ouest en 1989 avec 150 personnes et une thématique de Paix, amour et crêpes, était bien sûr orienté vers un esprit d’unité, se souvient Kalkbrenner au cours d’un bref entretien téléphonique. À peine quelques mois plus tard, le mur était tombé. Ce qu’il est important de souligner, c’est que les éditions suivantes n’ont pas eu la même résonance politique.»
Kalkbrenner, qui n’a jamais participé aux Love Parade annuelles en tant qu’artiste, mais qui s’est produit en 2014 pour souligner les 25 ans de la chute du mur, est d’avis que ce type de rassemblement n’a pas besoin de revendiquer une cause quelconque. «La dernière fois que j’y ai participé comme spectateur, en 1996, c’était rendu commercial. Lorsqu’il y a 1,5 million de personnes qui défilent, tu dois t’attendre à ce que tous les partis politiques sautent sur l’occasion pour s’installer dans un char allégorique et saluer la foule», remarque-t-il.
«Nous avons tourné le film il y a exactement 10 ans cet été. 2007, c’était l’année où la scène berlinoise était à son apogée. Dans les années 1990, tout se faisait encore à l’intérieur; c’était des raves dans des petites boîtes de nuit munies de stroboscopes. En 2007, une nouvelle génération de promoteurs et d’artistes avait apporté un souffle nouveau à la scène berlinoise.» – Paul Kalkbrenner, à propos de l’héritage du film-culte Berlin Calling, dans lequel il prête ses traits au personnage d’Ickarus, un producteur globetrotteur hyper convoité aux prises avec de sérieux problèmes de toxicomanie.
Celui dont les mélodies planantes ont marqué d’innombrables esprits et fait vibrer des foules monstres pendant la période post-réunification croit qu’il en est de même pour cette toute première Électro Parade Montréal. «Tout événement du genre n’est pas tenu de défendre une cause. C’est vraiment pour le plaisir des spectateurs et c’est très bien ainsi. L’événement montréalais aussi, à bien y penser. Il s’agit de souligner le 375e de Montréal, de se souvenir du passé et de se réunir dans la rue pour fêter ça entre citoyens et touristes comme il se doit.»
À l’occasion des célébrations du 375e de la ville, ce que les organisateurs evenko et MEG Montréal décrivent comme la «toute première Électro Parade en Amérique du Nord» réunira des DJ d’ici et d’ailleurs (au rayon local, notons la présence de DJ Mini, de Ryan Playground, de Prince Club et de Misstress Barbara) perchés sur des chars allégoriques aux couleurs de différentes grandes familles de partenaires, tels les promoteurs I Love Neon, Piknic Électronik Montréal, la Techno Parade de Paris et plusieurs autres. «Que vous soyez mélomanes de longue date ou simplement curieux de vivre un moment de joie collective, toutes les raisons sont bonnes pour vous joindre au défilé», conclut Kalkbrenner.
Électro Parade Montréal,
Parcours allant du mont Royal au Quartier des Spectacles,
Samedi 2 septembre, de 14 h à 23 h,
Gratuit