Avec des pièces comme Deception Bay, la chanson-titre de l’album, Sad Eyes et Faded, entre autres, on pourrait penser que le deuxième album du duo québécois Milk & Bone est mélodramatique, sombre et lourd. Et pourtant.
Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne considèrent un peu ce nouvel opus comme une suite du premier (Little Mourning), mais en plus approfondi, plus risqué.
«Il y a des directions qu’on a prises qui sont très différentes du premier album. Mais aussi des signatures Milk & Bone qui restent. Les mélodies, les voix sont encore aussi importantes, on joue beaucoup encore sur les ambiances sonores», affirme Laurence.
Il suffit d’écouter les premières notes de l’album pour se replonger dans l’univers des filles de Milk & Bone qu’on connaît bien : un monde électro-pop onirique, vaporeux, doux.
Mais l’album est juste assez différent pour créer un petit stress aux deux chanteuses.
«Les gens qui nous aiment ne peuvent pas tous aimer la même chose. Il y a des gens qui vont plus aimer les chansons acoustiques, il y a des gens qui vont aimer les chansons plus produites. Nous, il faut qu’on fasse un peu abstraction de ça pour faire ce que, nous, on a préféré sur le premier, admet Camille. Le stress vient plus du fait qu’on se demande si les gens vont nous suivre, s’ils vont aimer ça quand même, si ça va quand même parler à ceux qui avaient préféré un autre aspect de l’autre album, etc.»
Si c’est le côté texte et paroles qui vous faisait vibrer sur le premier album de Milk & Bone, vous serez servis sur le deuxième.
Les filles confirment avoir mis beaucoup d’efforts à peaufiner les textes, comme l’explique Laurence : «La première chose qu’on a faite, c’est challenger toutes les paroles, toutes les idées. Les premières choses qu’on a travaillées, ce sont les textes, les textes, les textes.»
Lesdits textes sont poétiques, sans pour autant être énigmatiques. Les paroles sur le thème de la déception contrastent avec les mélodies lumineuses et leurs voix harmonieuses.
«C’est agréable de jouer avec les contrastes musique/paroles. C’est l’une des choses qu’on aime faire. Parfois, Tu ne t’attends pas à ce que ce titre-là t’amène à cette chanson-là.»
Laurence Lafond-Beaulne
Un effet recherché par Laurence et Camille. «C’est le fun de créer un équilibre en mettant un univers un peu plus joyeux sur une chanson qui est un peu plus dark, sinon ça devient trop dark», ajoute cette dernière.
Et pourquoi des chansons d’amour, toujours? «C’est le sentiment qui me fait vivre le plus d’émotions en général. Je pense que j’ai commencé à écrire de la musique en écrivant là-dessus, pis c’est quand même à ce jour [ma plus grande source d’inspiration]», affirme Camille.
Cependant, il ne faut pas penser que c’est un album qui ne parle que d’amour au sens amoureux, comme l’explique Laurence : «Il y a beaucoup de formes d’amour différentes. Il y a du désir. Je pense qu’il y a beaucoup de chansons qui parlent de relations, qu’elles soient amicales ou qu’elles soient amoureuses, mais il y a aussi des chansons qui parlent d’autres formes de déception qui ne sont pas liées à l’amour non plus.»
À quel point est-ce autobiographique? «À 92 %», répondent les filles avec un brin d’humour.
S’il y a une chanson qui les fait totalement vibrer, et ce, à l’unisson, c’est la chanson-titre de l’album, Deception Bay, qui occupe une place bien particulière dans le cœur de Camille et de Laurence.
«C’est une des tounes très fortes de l’album. Je pense qu’on a pris des risques, on a pris une direction dans les arrangements qui est un peu différente. On s’est pété un trip, on a tout mis ce qu’on avait envie de mettre sur cette chanson-là. C’est la première qu’on a travaillée. Je l’aime énormément», explique Laurence.
«J’ai un fort attachement pour cette chanson-là. On dirait qu’il y a l’émotion du premier album qui est là, qui est un peu dans l’urgence, mais en même temps, il y a aussi quelque chose “d’empowering” quand je chante, qui me fait du bien. Pour moi, cet album-là représente ça pas mal», ajoute Camille. Les deux s’entendent pour dire que c’est l’une de leurs chansons préférées sur l’album, sinon leur préférée.
Encore une fois sur cet opus, toutes les chansons sont en anglais, ce qui, dans un marché francophone comme celui du Québec, pourrait nuire à leurs chances de percer… ou pas.
«Je comprends qu’il y ait des gens qui se posent la question pourquoi [on chante] en anglais, mais je pense qu’il y a beaucoup plus de gens qui se laissent porter par la musique et les paroles et qui aiment le projet que le contraire. Je pense qu’on a été surprises par la réception à la maison, ici, même si c’est en anglais», confirme Laurence.
«Je n’aimerais pas réussir plus ailleurs et moins ici. On est chanceuses que le Québec nous ait adoptées», conclut Camille.
Deception Bay
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