Mêlant danse, performance et jeu comme lui seul peut le faire, le chorégraphe et metteur en scène Jérémie Niel présente sa dernière création Elle respire encore.
«La pièce parle de ces êtres qui essaient tant bien que mal de respirer ensemble, d’exister ensemble», relate Jérémie Niel. Son œuvre, à l’image d’un immeuble à logements, dépeint une microsociété où des gens vivent en communauté, respirent le même air et ne se côtoient jamais. Jusqu’à ce qu’une tragédie les frappe. Et puis… «Ça finit mal», lance d’emblée l’artiste français installé à Montréal.
Guidée par le souffle de ses protagonistes, Elle respire encore est un portrait abstrait de la collectivité à l’ère de l’individualisme. «La respiration d’une communauté, pour moi, c’est comme un orchestre classique. Il y a une cinquantaine d’instruments et chacun a sa particularité, mais, au final, on arrive à les faire jouer tous ensemble», avance le metteur en scène.
Ces instruments, ce sont 15 acteurs, danseurs et musiciens aux parcours divers, dont l’âge varie de 16 à 84 ans. «Dans cette société-là, il y a des gens qui s’expriment avec des mouvements et d’autres avec la parole. Et tout ce monde-là essaie de créer une communauté et de communiquer», explique Jérémie Niel.
La pièce, déconseillée aux moins de 16 ans en raison de scènes de sexualité explicite, oscille constamment entre l’individuel et le collectif. «Je suis un enfant de la ville et ce thème résonne d’une manière particulière depuis toujours», relate l’artiste.
Ayant toujours combiné chorégraphie et théâtre, le parcours du metteur en scène l’a naturellement mené vers sa dernière œuvre. «Quand il a été question de créer une microsociété, ça a été évident pour moi qu’il y aurait des acteurs et des danseurs, confie-t-il. Ce que je trouvais intéressant, c’était de les mêler, puisque les deux formules ne font pas circuler les messages par les mêmes canaux.»
Les deux arts lui ont aussi – et surtout – permis d’illustrer la multiplicité de la société où il a grandi. «Ça nous a permis de créer notre diversité à nous, une diversité d’expression, de manière de bouger, de communiquer», détaille-t-il.
Le spectateur pourra s’attendre à une performance collective, à une scène fermée d’où les protagonistes ne pourront pas s’échapper. «Il y a 15 personnes sur la scène, mais ils sont pris, retenus dans un endroit. Ils ne peuvent pas en sortir», explique le chorégraphe.
Pas question, toutefois d’imposer une morale ou une leçon au public d’Elle respire encore, insiste Jérémie Niel. «Je n’ai pas de message particulier à diffuser. Je considère que mon travail est d’essayer de tirer un jeu artistique [de mes acteurs et danseurs], continue-t-il. Et puis, après, de proposer ce jeu artistique au public en espérant qu’il résonne à certains endroits, qu’il provoque une émotion esthétique.»