Lydia Képinski fait ce qu’elle veut. Et avec Premier juin, son premier album paru ces jours-ci et déjà acclamé par la critique, la jeune chanteuse montréalaise prouve que faire à sa tête, c’est payant.
Premier juin est comme un roman pour les oreilles. Un livre en huit chapitres qui abordent des thèmes différents et qui foncent sans faire dans la dentelle dans des sujets plus durs, comme le suicide. «Je dirais que l’album, c’est une épopée en huit étapes, décrit l’artiste de 24 ans. C’est un recueil de nouvelles.»
Elle ne cache d’ailleurs pas que certaines de ses chansons s’inspirent d’une période plus sombre de sa vie: le début de la vingtaine. Et comme le sujet fait réagir, la chanteuse en discute presque quotidiennement avec les journalistes en ce moment. «C’est complètement bizarre, lance la Montréalaise. C’est des affaires dont je ne parle même pas à mes proches amis. Mais je comprends pourquoi il faut que j’en parle.»
D’une certaine manière, la sortie de Premier juin, en référence à la date de son anniversaire, marque la fin de cette période, qu’elle compare à une adolescence tardive. «J’ai passé par-dessus et aujourd’hui je suis tellement fière de l’album», se réjouit-elle. Bienvenue dans l’âge adulte de Lydia Képinski.
«Je me suis dit que si je ne mettais pas tous mes œufs dans le même panier, ça ne marcherait pas, la musique.» – Lydia Képinski
Si ses projets musicaux sont chaleureusement accueillis par le public et les critiques – la chanteuse a remporté l’édition 2017 des Francouvertes –, le choix de se consacrer entièrement à son art n’a pas été facile à faire. «Ç’a été important pour moi de faire ça contre vents et marées. Parce que, quand tu dis que ton plan A, c’est la musique, du milieu d’où je viens, la réponse c’est: “Non, tu vas faire autre chose.”»
Ce plan A se déploie à son rythme, à sa manière et avec l’aide de sa deuxième moitié professionnelle Blaise Borboën-Léonard. La chanteuse signe des textes qui n’ont pas la facture habituelle des chansons québécoises. Et les comparaisons avec deux autres chanteurs bien connus se font nombreuses. «Je pense que les gens me comparent à Klô Pelgag et à Philippe Brach parce que notre attitude envers la création est la même. Mais nos arrangements, nos textes, nos voix, c’est la nuit et le jour.»
Pour l’instant, l’interprète prend son temps: le lancement de son album physique, qui se présentera sous la forme d’un livre, se fera en grand dans quelques semaines, le 1er juin, au Centre Phi. Une fête d’anniversaire qui permettra à celle qui n’a presque jamais fait de spectacle en solo de rencontrer son public.
«La sortie de la version numérique de l’album va permettre aux gens de digérer l’album avant le lancement», indique-t-elle, en précisant l’importance de rendre toutes ses chansons publiques en même temps. «Moi, en tant que public, ça me fait un peu chier de me faire servir des singles. Pourquoi sortir un album au compte-goutte?»
Par ailleurs, chaque chanson possède son propre visuel, réalisé par le duo Aaliyeh Afshar et Max Taeuschel. «On leur a dit: “Voulez-vous faire huit vidéos en un mois?” et ils ont accepté!» rigole Lydia Képinski. «Et c’est malade parce que ce sont des anglophones et qu’ils ne comprennent pas vraiment les tounes… mais ça donne des idées vraiment cool. Ils sont allés avec ce que leur évoquaient les chansons.»
Avant de payer le thé qu’elle a bu pendant l’entrevue, la jeune artiste revient sur les dernières années, consacrées à l’écriture de Premier juin.
«J’ai passé une couple d’années à chasser mon lièvre, et là, je l’ai enfin capturé, songe-t-elle tout haut. Je l’ai mis dans une cage et je le garde en captivité. Et je sais que mon lièvre est là, qu’il peut s’échapper à n’importe quel moment. Et moi, mon travail, c’est de le surveiller, de le nourrir, de lui donner ce qu’il faut pour ne pas qu’il s’en aille.»