Culture

Enfance et anarchie avec Mélissmell

Enfance questionnée, colère exaltée et amours écorchées : Mélissmell s’installe d’ores et déjà avec son premier chapitre, Écoute s’il pleut, parmi les personnalités les plus fascinantes de la chanson française contemporaine.

Le geste est théâtral, inspiré de Brel. La voix puissante et écorchée évoque Cantat. La gouaille et la mélancolie nous ramènent à Mano Solo, tandis que certains riffs nous rappellent qu’on a affaire à une enfant du grunge un tantinet nihiliste. Bienvenue dans l’univers de Mélissmell, une nouvelle venue sur la scène française qui ne devrait laisser personne indifférent : on adore ou on abhorre.

C’est que son discours inspiré des idéaux libertaires et humanistes peut déranger à une époque où l’hyperconsommation et une certaine conformité semblent encore la norme hors des circuits contestataires.

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D’aucuns lui reprochent de trop verser dans le pathos, mais si vous aimez les personnages non aseptisés, cette fille et son premier opus vous bouleverseront. «J’y reprends un peu mon enfance, qui a été chaotique. À l’âge de quatre ans, ma vie s’est arrêtée quelque part. Mon enfance, mes illusions, tout est tombé. Je suis devenue autonome très vite. À 15 ans, j’ai quitté la maison et, pendant une dizaine d’années, j’ai vécu beaucoup de questionnements. Des choses qui n’arrivent pas normalement à cet âge-là. Je voulais donc, sur mon premier album, reprendre ces questions et les mettre dans la bouche d’une adulte sans bouger de cette naïveté. La revisiter en quelque sorte et l’asseoir sur des chansons. C’est une façon aussi de présenter qui je suis», analyse Mélissmell, dont la captivante présence scénique lui a valu le grand prix de l’Académie Charles-Cros 2011, catégorie Révélation Scène.

Une présence théâtrale, mais aussi combattante, comme celle des écorchés qui ont une colère à distiller. «Il n’y a plus d’humains, que de la consommation. Tout est calé sur la beauté et le paraître. Il n’y a plus rien d’intellectuel, de réfléchi. Et cela n’intéresse pas l’élite parisienne, les bobos. Ils ne veulent pas entendre les choses que je raconte. Ils préfèrent se faire dire que tout est beau, que tout est rose et écouter Charlotte Gainsbourg», lance-t-elle dans une envolée passionnée où elle égratignera ensuite au passage la formation Tryo, dont elle remet en question l’authenticité du discours.

«Mais la France, c’est aussi le pays de Renaud et de Ferré, et d’un discours contestataire», rétorque le journaliste. «Mais c’est fini tout ça! Voilà le problème. Les Damien Saez, on leur coupe la voix en les traitant d’adolescents. Mano Solo, on l’a critiqué en disant que ses chansons ne parlaient que de la mort, alors qu’il n’y avait personne de plus combatif, de plus positif que ce mec-là», s’enflamme celle qui, à la ville, se prénomme Mélanie, mais dont le pseudo adresse un clin d’œil à Smells Like Teen Spirit, de Nirvana, et qui en pince aussi pour Radiohead, Bjork, Jim Morrison et Janis Joplin.

On a hâte qu’elle soit invitée sur ne scène mont­réalaise!

Écoute s’il pleut
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