Avec son quatrième spectacle consacré au conte, Fred Pellerin posera sans doute une autre pierre à l’échafaudage de notre identité collective grâce, cette fois, à Méo, le coiffeur du village.
«Il y a un flou en ce moment dans la définition de la québécitude, mais aussi dans celle de l’humanité. Aujourd’hui, tout se définit avec des mesures chiffrées et des piastres. Nous sommes sur un super bel air d’aller pour foncer droit dans l’mur. Voilà pourquoi, dans ma vie, il y a une quête de sens. J’imagine qu’elle transparaît dans ce que je fais. Pour moi, ça doit se passer dans les zones vibrantes. Là où il ne se passe rien, je n’y vais pas», lance tout de go le conteur et chanteur trentenaire.
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Après des incursions du côté du cinéma avec une adaptation de son second spectacle (Babine, 2008) et une autre côté chansons, voilà que l’artiste poursuit sa quête du Saint Graal avec De Peigne et de misère. Un cinquième spectacle de conte où, fidèle à son habitude, il improvisera pendant deux heures avec quelques balises mentales et des canevas préétablis. Un peu à la manière de ces jazzmans qui improvisent, mais savent où il faudra plaquer un tel accord majeur.
Cette fois, c’est Méo le coiffeur qui servira de personnage central. Lui qui, avec son accès à la tête des villageois, donc à leurs confidences, jouissait d’une position privilégiée. «Nous resterons dans la cosmogonie de Saint-Élie-de-Caxton avec Toussaint Brodeur, la belle Lurette, le personnage que l’on voyait dans le film Babine et les autres. Il s’agit en somme d’une prolongation de cet univers, mais avec des réflexions différentes. Le spectacle précédent portait sur la mort et le deuil.
Celui-ci s’oriente vers l’humanité et l’espoir. Il sera aussi question de la fin du monde. Mais à l’échelle caxtonienne», poursuit ce capteur et nourrisseur de rumeurs qui, encore une fois, magnifiera le microcosme et l’anecdotique afin de toucher à l’universel.
Et ça fonctionne. À preuve, malgré son accent à trancher au fil de beurre, le Fred connaît un certain succès dans l’Hexagone et en Europe francophone, où il retourne plusieurs fois par année histoire de faire voyager ces personnages qu’il a connus dans «la vraie vie».
Eux qui, hélas, ont tous maintenant passé l’arme à gauche. Le dernier étant Babine en 2001. Qu’à cela ne tienne, les enfants et petits-enfants desdits personnages ont tous été invités à donner leur imprimatur au contenu du spectacle au cours d’une représentation à Shawinigan, il y a quelques semaines. Une question morale pour le Pellerin qui les côtoie et s’en inspire quotidiennement quand il n’est pas en tournée.
D’ailleurs, au moment de l’entrevue, il se demandait encore pourquoi le camion de pompiers était sorti de son garage la veille. «Si quelqu’un a brûlé, c’est sûr que je le connais».
De peigne et de misère
Du 16 au 20 octobre à Montréal
Puis en tournée à travers le Québec
