Culture

La contamination commence, dans le film Antiviral

David Cronenberg n’est pas le seul à être fasciné par le corps, le sexe, les machines et le gore. Son fils Brandon a également tout cela dans le sang, et c’est ce qu’il propose dans son premier long métrage, Antiviral.

Dans un avenir proche, les êtres humains sont obsédés par les stars. Il y a même des individus qui sont disposés à payer de fortes sommes pour obtenir un virus ayant appartenu à leurs vedettes préférées. Un marché lucratif pour Syd (Caleb Landry Jones – qui était du dernier X-Men – en mode Clockwork Orange), un employé de laboratoire junkie qui profite également de la marchandise pour mener des activités illicites. Mais lorsqu’une transaction tourne mal, tout le monde cherche à avoir sa peau…

Description d’un avenir dystopique ou miroir de la société de demain? Antiviral, qui a obtenu le prix du meilleur premier film canadien à Toronto, flirte avec le réel dans sa description du culte de la célébrité, du voyeurisme et de la téléréalité. «C’est une histoire de notre époque, raconte son créateur Brandon Cronenberg, rencontré dans un hôtel montréalais. Pendant le montage, un de mes amis m’a dit qu’il venait de voir Sarah Michelle Gellar à la télévision, qu’elle avait un rhume, qu’elle avait peur de le donner aux gens du public et que l’animateur l’encourageait à leur transmettre ses microbes! C’est presque un documentaire que je viens de faire!»

Ce prisme déformé de la réalité qui est volontairement froid et clinique se plaît à jouer avec le blanc et le noir. On y note également une certaine forme d’attirance pour le sang et les aiguilles. «Oui, les thèmes fétichistes sont nombreux, note son réalisateur et scénariste. La maladie est érotisée. Je suis par exemple excité par les éternuements… Notre culture fétichise les corps et, parfois, ça peut aller trop loin.»

De quoi faire ressortir un humour très noir, presque grotesque, de cette satire. «C’est lorsque les gens rient que je me sens le plus en confiance, avoue le metteur en scène. À Toronto, les spectateurs riaient à gorge déployée. À Cannes, personne ne riait. À la fin de la projection, je pensais qu’on allait nous tuer!»

Famille de cinéastes : jamais sans mon père
Par ses thèmes et son traitement, Antiviral peut s’apparenter à certaines œuvres de David Cronenberg (photo). Du moins à sa phase science-fiction, qui comprend des longs métrages tels Videodrome et eXistenZ.

Le jeune cinéaste Brandon Cronenberg admet toutefois avoir puisé son inspiration ailleurs. «J’ai plutôt regardé des films comme 4 mois, 3 semaines, 2 jours et Canine… Je suis beaucoup trop près des films de mon père, je ne les vois pas de la même façon que les autres personnes.»

Les comparaisons avec son paternel, il est cependant habitué de les entendre. «Ce sera toujours comme ça, confie-t-il. Je le savais avant de faire du cinéma et je l’assume. Peut-être qu’un jour, ça va changer. Mais je suis à l’aise avec cette situation-là.»
martin gignac

Antiviral
En salle dès vendredi

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