Francis Cabrel chante l’amour comme pas un. Le chanteur français est passé maître dans l’art de trouver des images et des mots magnifiques pour traduire ses émotions et il est venu nous les chanter avec simplicité, mardi, dans le premier d’une série de spectacles qu’il donne au Théâtre St-Denis cette semaine.
Entouré de cinq musiciens aussi polyvalents que talentueux, le charmeur de ses dames a proposé plusieurs pièces de sa dernière offrande, Des roses et des orties, mais il a aussi revisité ses grands classiques, sur lesquels le public ne s’est pas gêné de chanter.
Francis Cabrel n’est pas connu pour être très bavard sur les planches et il n’a pas habitué son public à de grandes mises en scène, pourtant, on a eu l’impression mardi qu’il était vraiment content d’être là, multipliant les petits pas de danse, les sourires narquois et les interventions auprès des spectateurs.
Après nous avoir offert une version plus jazzy et blues de son succès Assis sur le rebord du monde, de l’album Un samedi soir sur terre (1994), en début de spectacle, la star discrète nous a confié : «J’en ai écrit des chansons d’amour, plus de 100, seulement en étant amoureux qu’une seule fois!»
C’est d’ailleurs ses chansons d’amour qui ont récolté la plus belle réception de la part du public. Dès que les premières notes de L’encre de tes yeux, de l’album Fragile (1980) ont été jouées en milieu de parcours, la foule a été emportée par une vague d’émotion qui s’est poursuivie avec Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai – que Cabrel a chanté seul avec sa guitare – et avec Petite Marie, son premier succès datant de 1977.
Tout nouveau, tout beau
Eh oui, ça fait plus de 30 ans que l’auteur-compositeur-interprète gratte sa guitare et presque autant d’années qu’il a conquis le cÅ“ur des Québécois. Et même si on ne se lasse pas d’écouter des classiques comme Je l’aime à mourir, que Cabrel a offert en deuxième rappel, avec son ukulélé, quittant la scène en jouant, il faut souligner que ses nouvelles compositions sont excellentes.
Sur Des roses et des orties, le chanteur d’Astaffort se fait plus engagé avec des pièces comme Des hommes pareils ou African Tour, qui sont vraiment touchantes. Tout comme la jolie La robe et l’échelle et surtout Mademoiselle l’aventure, qui porte sur la petite fille que le guitariste et sa femme ont adoptée, et qu’il a chantée le visage dans l’ombre, empreint par l’émotion.
On ne peut passer sous silence la magnifique voix de Cabrel qui coule comme de l’eau avec son accent de l’Aquitaine si charmant. Ça semble si facile pour lui de chanter. Les musiciens qui l’accompagnent participent aussi au succès de l’entreprise et donnent encore plus de puissance à sa poésie. On a particulièrement aimé l’accordéon sur la pièce La Corrida.
Avec son spectacle de deux heures, Francis Cabrel nous rappelle à quel point il est un grand poète. Et même si ces vieux succès sont toujours les plus populaires, ses nouvelles chansons prouvent qu’il n’a pas fini de nous émouvoir.