Jonah Hill n’a jamais vraiment voulu devenir une vedette de la comédie, ou même être nommé pour un Oscar. Il rêvait plutôt d’une carrière passée derrière la caméra, un but qu’il a enfin pu atteindre avec Mid90s, qui marque ses débuts en réalisation.
L’acteur de 34 ans, qui a écrit et réalisé cette histoire de passage à l’âge adulte, n’aurait pu être plus heureux que sur le plateau de son propre projet, a-t-il confié lors d’une entrevue avec Métro.
«Quand tu es un acteur, tu es une couleur très importante dans le tableau d’un autre peintre. J’ai été un vert pas trop mal pour plusieurs années, et j’aime être un vert pas trop mal, illustre Jonah Hill. Mais mon rêve, c’était de peindre mon propre tableau.»
Comme le laisse entendre le titre du film, l’intrigue se déroule dans les années 1990 et suit Stevie (Sunny Suljic), 13 ans, qui essaie de trouver sa place dans le monde et qui grandit un peu trop vite après s’être lié d’amitié avec des ados plus vieux que lui. Stevie et compagnie ont une passion commune pour le skate-board, passion qui les aide à échapper aux horreurs de leur vie familiale.
S’il fait remarquer que Mid90s n’est pas autobiographique, Jonah Hill note que le film est un reflet de l’époque qui l’a vu grandir et qui lui est chère.
«Je n’avais pas encore réfléchi à cette période de ma vie, relate l’acteur et réalisateur. On dit qu’il faut 20 ans pour bien prendre du recul et se pencher sur une époque.»
L’acteur né à Los Angeles a tout de même pu apprendre des meilleurs, puisqu’il a joué pour la crème des réalisateurs, comme Martin Scorsese, Quentin Tarantino, Judd Apatow et les frères Coen. Ça bat les écoles de cinéma. Pas étonnant, donc, qu’il n’ait pas ressenti de nervosité lors de sa première journée sur le plateau.
«J’ai joué dans tellement de scènes, dans tellement de films que, pour moi, ce n’était qu’une expérience excitante, relate Hill. Quand j’ai vu les camions et les roulottes sur le plateau, ç’a probablement été le plus beau jour de ma vie.»
À certains moments, Mid90s joue dans la crasse, la comédie, alors qu’à d’autres occasions, le film, un portrait explicite de l’anxiété adolescente masculine, fait l’effet d’un coup de poing dans le ventre.
«J’ai seulement voulu créer des personnages diversifiés et intéressants, qui étaient complexes sur le plan émotionnel, rétorque le réalisateur. J’aborde des sujets comme la violence que certains ados s’infligent à eux-mêmes, et je pense qu’on l’a illustrée de manière très intime, très respectueuse.»
L’œuvre de Jonah Hill se veut aussi un hommage à la culture du skate-board, un emblème des années 1990. D’ailleurs, selon les acteurs, le jeune réalisateur a réussi un impressionnant kick flip qui a failli se retrouver dans le film. Cependant, puisque la scène a été filmée sur une GoPro, le plan final ne correspondait pas au style old school et rétro du film, au format 4/3.
Comme le note l’acteur Sunny Suljic, Jonah Hill a travaillé fort pour peindre un portrait réaliste de cet univers et démentir les mythes et les clichés qui entourant les skateurs.
«C’était comme s’il était l’un de nous, un autre skateur, et qu’on ne faisait que traîner ensemble, parler, décrit à Métro Suljic. Et quand il devait nous diriger, ça ne changeait pas.»
«Le film décrit très bien la communauté, lance Olan Prenatt, qui joue un personnage au nom un peu trop vulgaire pour être cité ici. Ce n’est pas qu’un passe-temps, c’est une communauté. Le skate a sauvé plusieurs personnes.»
Selon les témoignages des jeunes acteurs de Mid90s, l’équipe du film a adoré être dirigée par Jonah Hill.
«C’est comme s’il avait toujours été réalisateur, a décrit Ryder McLaughin, qui joue Fourth Grade. Ça ne semblait pas être nouveau pour lui.»
L’acteur a d’ailleurs ajouté que Jonah Hill leur donnait souvent des conseils, qui portaient sur la manière de traiter l’attention du public… ou sur les filles.