Il y a des histoires d’hommes, des histoires de femmes et des histoires de barbes. Et il y a Le baiser du barbu, qui contient ces trois éléments. Quelle n’est pas la surprise de Vicky (Isabelle Blais) d’apprendre que son amoureux Benoît (David Savard) se laisse pousser du poil sur le visage pour un rôle au théâtre! Un geste en apparence banal qui aura de graves répercussions sur leur couple et les personnes qui les entourent (Louis-José Houde, Ricardo Trogi, Alexis Martin).
«C’est une situation fantaisiste jouée sur un ton réaliste, relate le cinéaste Yves Pelletier, qui en est à son deuxième film, après Les aimants. On explore le non-dit, le comportement humain dans un univers romantique et sentimental. C’est l’histoire d’un gars qui s’émancipe. La barbe lui donne confiance, et il se transforme à cause de ça. J’aime partir de quelque chose d’anodin et raconter ce genre de truc…»
«C’est aussi bâti comme un suspense, poursuit Yves Pelletier. C’est un petit couple heureux, et là, tout d’un coup, il y a la bête qui surgit. Elle prend de plus en plus de place et elle crée un drame.» Le plus incroyable, c’est que cette prémisse originale est tirée d’un fait véridique. «Dans Camping sauvage, je jouais un motard un peu minable, explique le metteur en scène.
J’ai proposé à Guy A. Lepage de me faire pousser la barbe. J’ai détesté ça. Je l’ai portée pendant deux mois et demi. J’avais chaud, ça piquait. Ma blonde non plus n’aimait pas ça. J’attendais juste le moment où j’allais pouvoir la raser. L’idée m’est venue de là.» Yves Pelletier s’est laissé inspirer par le XIXe siècle, autant par Daumier que par Courbet, pour dessiner son héros qui n’est pas né à la bonne époque et pour donner à ses images des teintes de vert, d’ocre et de brun.
Comme ce fut le cas pour Les aimants, un soin considérable a été apporté aux ambiances sonores. «En scénarisant, j’écoute beaucoup de musique, dit le dialoguiste des deux Karmina. À un moment donné, j’ai pensé à Alexandre Désilets. J’aime sa voix et son sens de la mélodie… J’entendais des cuivres et de la guitare électrique. Je voulais une ambiance un peu à la Ennio Morricone.»
RBO pour toujours
Les fans d’Yves Pelletier ne s’étonneront pas d’apprendre que Le baiser du barbu comporte un caméo mettant en vedette les membres de Rock et Belles Oreilles. «Il n’y avait pas de rôles pour eux, admet le cinéaste humoriste. Presque tous les personnages étaient dans la trentaine. On aurait eu l’air trop jeunes à les incarner!»
«Rock et Belles Oreilles, c’est une expérience qui est indélébile, ajoute Pelletier. On est tous des RBO pour toujours. On a fait des Bye Bye récemment. Le lien est tellement fort qu’on est revenus ensemble pour une couple d’années.»