Culture

Couleur de peau : Miel, un dessin animé autobiographique

L’artiste Jung revient sur sa jeunesse et son adolescence dans Couleur de peau : Miel, une transposition de ses bandes dessinées. Lorsque l’animation va dans tous les sens en demeurant thérapeutique.

Jung est un Coréen qui a été adopté en 1971 par une famille belge. Téléporté dans un lieu où les gens n’ont pas les mêmes langues, culture et couleur de peau que lui, il finit par se rebeller…

Ce récit autobiographique a d’abord donné naissance à deux BD, puis à un projet de documentaire qui ne s’est pas matérialisé. Cela n’a pas empêché Jung et le cinéaste Laurent Boileau d’utiliser cette matière première en s’essayant au dessin animé. Avec succès, comme en font foi ces deux prix remportés dans le cadre du Festival international du film pour enfants de Montréal.

Il ne faudrait pas y voir une simple redite cinématographique. «L’animation est très différente de mon univers graphique, a assuré Jung lors de son passage à Montréal. Mais j’y ai retrouvé l’âme de mon personnage. Je pars avec l’idée que la technique est au service de la narration. Ce qui m’intéresse, c’est de toucher les gens par les histoires que je peux leur raconter.»

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Mêlant la 2D et la 3D, les archives historiques et personnelles, les prises de vue réelles, le long métrage se rapproche davantage d’un Valse avec Bachir et d’un Persépolis dans sa façon de faire des amalgames insoupçonnés qui sont étonnamment cohérents.

«J’ai le sentiment que ce film s’est fait petit à petit, contrairement aux films d’animations où les choses sont bien carrées, bien balisées par un storyboard, raconte le bédéiste. C’est comme une sculpture qu’on est en train d’ériger.»

Savoir se reconnecter
Les difficultés de s’adresser autant aux enfants qu’aux parents étaient grandes, surtout qu’on y aborde des sujets sérieux et profonds comme le suicide. «Quand on est dans une démarche de mise à nu, il ne faut pas commencer à éluder, maintient le coréalisateur. Il faut être le plus sincère possible. J’ai décidé de faire les choses de manière très frontale, en n’épargnant personne.»

En continuant ainsi à revisiter son passé, Jung ne pense pas du tout courir le risque d’ouvrir une boîte de Pandore. Au contraire, cela lui permet de mieux saisir la portée de ses écrits et de pousser encore plus loin cette quête identitaire, qui est présente dans Couleur de peau : Miel et dans ses autres essais littéraires.

L’occasion était donc idéale pour que l’auteur revienne et se reconnecte à son essence première. «J’ai commencé à raconter des histoires et à faire des dessins parce que j’ai senti que quelque chose en moi avait envie de s’exprimer, se rappelle-t-il. J’avais besoin d’extérioriser des choses.» Ce qu’il continue à faire aujourd’hui, par l’intermédiaire d’une animation peu orthodoxe à saveur universelle.

Couleur de peau : Miel
En salle dès jeudi

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