Chris O’Dowd n’est pas le plus grand fan de western. Un traumatisme relié à l’enfance…
«C’est très facile de tourner le country et le western en dérision», avoue d’emblée l’acteur Chris O’Dowd.
Dans The Sapphires, il personnifie un musicien irlandais qui joue dans les bars australiens en échange de quelques bières. Son personnage ne va nulle part, jusqu’au jour où il découvre un quatuor formé de quatre sœurs aborigènes. Il n’y a qu’un hic : il n’apprécie pas ce qu’elles chantent.
«Quand je vous ai rencontrées, dit-il dans le film, vous faisiez du country et du western. Ce n’est pas grave. Tout le monde fait des erreurs!» Ce discours aurait aussi pu sortir de la bouche de l’acteur. «Mon père jouait de la guitare dans les pubs. Il faisait du country, raconte-t-il. J’ai l’impression que le discours que je servais aux filles dans le film était tapi au fond de moi depuis l’âge de 14 ans! C’était pénible de traîner son étui à guitare pour écouter des mauvaises pièces de Merle Haggard…»
«Le country et le western sont très populaires en Irlande, poursuit O’Dowd. Je ne sais pas trop pourquoi. Du Kris Kristofferson, du Willie Nelson, du Clint Black… Mon père adorait ça. C’est peut-être parce que le country et le western tirent leurs origines du bluegrass et que le bluegrass a des origines irlandaises. Et les Irlandais aiment bien se plaindre. Nous sommes très bons pour ça!»
Dans le film, le personnage d’O’Dowd réussit à convaincre le quatuor de laisser le country pour se consacrer à la soul. Il tente de faire d’elles une sorte de version des Supremes.
«Les chansons country parlent souvent de quelque chose qu’on a perdu, indique l’acteur. Tout comme les chansons soul, à la différence qu’on ne baisse jamais les bras avec la soul.» O’Dowd explique sa théorie ainsi : «Dans une pièce country, on va se plaindre de notre perte. On va dire : ‘‘Il m’a laissée. Qu’est-ce que je vais faire de ma vie maintenant?’’ Alors que dans une pièce soul, on dira : ‘‘Il m’a laissée, mais je suis toujours debout!’’ Pas question de faire pitié. On se retrousse les manches et on fonce. C’est un des thèmes majeurs du film d’ailleurs. Plutôt que de s’apitoyer sur son sort, on se relève.»
En repensant à sa propre histoire, O’Dowd se dit que les choses auraient peut-être été différentes si son père avait adopté un autre style que le country. «Ou peut-être pas. Je me demande ce que j’aurais pensé s’il avait été un Al Green, par exemple, souffle l’acteur. Je me pose la question parfois quand je pense à ceux qui ont eu des parents ‘‘cool’’. J’ai eu à travailler avec Rashida Jones [la fille de Quincy Jones] une fois, et je me disais : comment peut-elle ne pas trouver son père cool!»
The Sapphires
En salle dès le 12 avril
