Culture

Adore: les mystères de l’Éden

Tabous, interdits brisés, relations pseudo-incestueuses : la cinéaste Anne Fontaine joue avec les malaises dans son nouvel essai Adore, qui vient de clore le Festival des films du monde.

«Quand je regarde quelqu’un, je me demande toujours ce qu’il cache», confie au téléphone Anne Fontaine qui, de son obsédant Nettoyage à sec à son cocasse Mon pire cauchemar, a toujours été fascinée par les secrets et les relations compliquées.

Il y en a beaucoup de dissimulés un peu partout dans cette audacieuse adaptation d’une nouvelle de Doris Lessing, qui se déroule sur les plages ensoleillées de l’Australie. Deux amies d’enfance qui ont chacune eu un fils nouent au fil des années des idylles… avec le fils de l’autre!

«Désorganiser le programme de la société et de la vie, ça amène forcément à des amours dites transgressives, parce que la société codifie tous les rapports», note la réputée metteure en scène, qui utilise abondamment le symbolisme, les jeux de miroir et les non-dits (sur le complexe d’Œdipe, les conséquences de l’absence du père, l’homosexualité refoulée entre les deux héroïnes) dans son dernier long métrage.

Il était cependant important pour la créatrice que cette histoire se déroule sans culpabilité.

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Ce refus de moraliser et de psychologiser plonge le récit dans la subversion, ce qui risque de titiller la corde sensible de certains spectateurs, comme ce fut le cas à Sundance en janvier dernier.

«La moitié de la salle venait de Los Angeles et de l’industrie du cinéma, mais l’autre moitié était des mormons, des gens de la région, se remémore la réalisatrice. Évidemment, cela a créé une sorte d’échauffement. Sur le coup, j’ai été un peu étonnée, parce que, pour moi, le film n’a rien de choquant. C’est une femme de 85 ans qui l’a écrit, un prix Nobel de littérature… Ce qui était hallucinant, c’était de voir une partie du public, à haute voix, dire «Oh my God! It’s not possible!» On avait vraiment l’impression qu’ils voyaient un truc atroce.»

Duo de choc
Pour son délicat premier film en anglais, Anne Fontaine a eu recours à deux comédiennes d’exception : Naomi Watts et Robin Wright, cette dernière ayant été proposée par Julianne Moore, d’abord pressentie pour le rôle.

«J’ai longtemps hésité, confie celle qui a pu monter ce projet grâce au succès de Coco avant Chanel. Je me suis demandé si c’était le bon tandem, Naomi et Robin. Surtout que d’autres actrices voulaient le faire… J’ai attendu d’être certaine qu’elles soient à la fois semblables et complémentaires, un peu comme des sœurs. L’idée était qu’elles aient quelque chose de gracieux, d’attirant et de sensuel. C’était très important pour le sujet.»

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Adore
En salle dès vendredi

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