Avec Miron Un homme revenu d’en dehors du monde, Simon Beaulieu propose rien de moins que de voir et d’entendre sous un angle inédit un des plus grands poètes québécois.
Oubliez les documentaires conventionnels. Dans son dernier opus, le cinéaste Simon Beaulieu fracasse littéralement les codes du genre. «J’aimais l’idée de faire un film un peu plus expérimental, comme si on était à l’intérieur de lui plutôt que de le regarder de l’extérieur.»
Pour y parvenir, celui qui a offert par le passé des essais sur Gérald Godin et Serge Lemoyne donne constamment la parole au regretté Gaston Miron, accompagnant ses poèmes et ses réflexions d’extraits de films de l’Office national du film. Un montage remarquable d’archives révélatrices doublé d’un travail esthétique sur l’image et le son, qui donne aux spectateurs le sentiment de se retrouver devant un album de photographies particulièrement organiques.
«Je vois le film comme une adaptation cinématographique de L’homme rapaillé, qui est une œuvre en fragments, décrit son réalisateur. Je voulais aussi que le film ait l’air d’un cauchemar, d’une mémoire un peu détruite. Tu es dans un rêve, dans le futur, dans le présent, dans le passé?»
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Le résultat détonne. Un peu comme si le Tree of Life de Terrence Malick était revu et corrigé par Terence Davies (The Long Day Closes). «Le documentaire devient comme un poème, décrit son metteur en scène. Tu ne peux pas saisir le sens de chaque chose, mais il y a quelque chose dans l’ensemble qui fait que ça fonctionne.»
Au centre de ces songes kaléidoscopiques et de ces bribes de souvenirs se dresse Gaston Miron qui, avec sa prose et son engagement, cherche à faire état de la culture québécoise avant qu’il ne soit trop tard.
«Pour moi, Miron incarnait la conscience du Québec, confie Simon Beaulieu. Si on partait de personnages historiques inspirants qui ont fait des choses exceptionnelles, on pourrait s’identifier à ces gens-là et peut-être remonter le fil de l’Histoire. Tu parles parfois à des jeunes et ils n’ont aucune idée de l’histoire du Québec, de la société dans laquelle on vit. Et ils sont étonnés que Miron fût si moderne.»
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Miron: Un homme revenu d’en dehors du monde
En salle dès vendredi