L’amour passionnel est au centre de The Deep Blue Sea. Discussion avec le réalisateur Terence Davies. The Deep Blue Sea est d’abord une pièce de théâtre écrite par Terence Rattigan en 1952, qui allait devenir un long métrage avec Vivien Leigh trois années plus tard. C’est l’histoire tragique d’Hester (interprétée ici par Rachel Weisz), une femme amoureuse qui rate son suicide après avoir quitté son mari pour son amant.
Une intrigue que Terence Davies explore en utilisant ruptures et ellipses. «Le problème avec la pièce, c’est qu’elle expose tous les problèmes dans sa première partie, explique de sa voix feutrée le réalisateur anglais, joint au Royaume-Uni. Je préférais suivre Hester à la trace, être toujours avec elle. Le spectateur se demande pourquoi elle est rendue là, ce qui me permettait de jouer avec la notion des souvenirs avec mes allers-retours dans le temps. Et c’est justement de cette façon que la mémoire fonctionne. Elle est émotionnelle, pas linéaire.»
Le film repose presque entièrement sur les épaules de Rachel Weisz, qui y trouve un de ses plus beaux rôles en carrière. Une actrice accomplie que le metteur en scène ne connaissait pas avant de la voir à la télévision et qui est devenue son «seul et unique choix». Ce personnage qui aime trop est prêt à tout sacrifier, même son statut social. «À la fin des années 1950, ce n’est pas quelque chose que les femmes faisaient.
Elles étaient avec leur mari et elles avaient trop d’enfants pour faire ça.» Comme ses précédentes œuvres, The Deep Blue Sea se déroule à une autre époque. De quoi se demander si Terence Davies ne vit pas dans le passé. «Pour moi, le passé, c’est également le présent. J’ai grandi dans le Liverpool des années 1950 et j’ai beaucoup de facilité à renouer avec ces années-là. D’une certaine façon, je ne connais pas le monde moderne. Je ne comprends pas les ordinateurs, les nouvelles technologies. Je sens souvent que toutes ces choses-là nous éloignent de l’essentiel.»
Quête de sens
Terence Davies ne veut surtout pas faire de compromis et réaliser n’importe quoi. Cela explique qu’avant The Deep Blue Sea, son dernier film de fiction remonte à The House of Mirth, en 2000. «Le problème est que nous n’avons pas de véritable industrie du cinéma, dit le metteur en scène britannique. Nous sommes toujours en train de vouloir obtenir l’aval des États-Unis. Ce sont les mêmes personnes qui apparaissent dans les films, et on explore souvent les mêmes sujets. Comme je ne veux pas réaliser un film à partir d’une mauvaise adaptation d’un livre de Jane Austen, c’est plus difficile pour moi.»
The Deep Blue Sea
En salle dès vendredi