Culture

Projet de cinéma dans la Petite-Italie

Initié par l’auteur et chroniqueur montréalais Sylvain Raymond, le projet de salle de cinéma du Théâtre de la Petite-Italie a été récompensé mercredi par une bourse de 10 000$ remise dans le cadre du concours Entrepreneurs en action, organisé par la Corporation de développement économique communautaire de Rosemont–La Petite-Patrie. «Le Mile-End est connu pour la musique, au-delà de ses frontières. J’aimerais que la Petite-Italie soit associée au cinéma de la même façon», a remarqué le récipiendaire, qui souhaite installer son ciné-bistro sur le boulevard Saint-Laurent, entre les rues Saint-Zotique et Dante, dans les anciens locaux de la Casa Napoli, présentement en vente.

Le concept
Avec le projet de Théâtre de la Petite-Italie, Sylvain Raymond souhaite créer une «salle de cinéma multidisciplinaire, sans set-up fixe», faite «d’un mélange de vieux bancs, de sofas, de tables et de chaises qu’on peut bouger». Un espace divisé entre une salle de projection d’environ «1700 pieds carrés et 100 places assises» et un bistro «d’à peu près 1500 pieds carrés et 125 places». «On veut faire des thématiques, note le concepteur. Jouer avec les liens entre la programmation et la gastronomie. Par exemple, si le nouveau James Bond sort, on ne présentera pas forcément le nouveau James Bond, mais on fera une rétrospective. Et sur le menu, on retrouvera des clins d’œil à la série, comme un martini shaken, not stirred. De la même façon, si on présente Le Parrain, il y aura des cannolis sur le menu!»

Ainsi donc, côté programmation, le trentenaire montréalais souhaite cibler les sorties récentes, certes, mais aussi les œuvres mythiques d’autrefois. «Dans les films américains, illustre-t-il, quand un couple va au cinéma pour un rendez-vous galant, il ne va jamais dans un complexe laid! Et il va toujours voir un classique! Pourquoi? Parce que c’est romantique de dire: “Oh, ce gars m’emmène voir When Harry Met Sally pour la Saint-Valentin, il est raffiné!”

«C’est pourquoi on ne veut pas nécessairement présenter de la nouveauté, enchaîne-t-il. On veut surtout offrir l’expérience d’aller en salle. Présenter des classiques.»

Outre cela, la salle imaginée par Sylvain Raymond comptera un seul écran («j’ai confiance que ça nous mette de la pression pour programmer les bonnes choses», dit-il), et il prévoit employer le numérique. «Le 35mm, ça serait cool, mais je n’ai pas la prétention de viser les meilleures conditions de projection. Par contre, ça sera sans hésitation la place où on va se faire le plus de fun en allant voir un film!» avance-t-il.

La bourse
Grâce à la bourse Société de développement commercial Petite-Italie–Marché-Jean-Talon d’une valeur de 10 000$ qu’il a reçue mercredi, Sylvain Raymond souhaite «développer une application mobile qui permettra à la fois de générer du contenu (comme des critiques et de l’info sur les films projetés au Théâtre de la Petite-Italie) et d’acheter des billets.»

Pour ce qui est d’une possible ouverture de la salle, le gagnant «vise 2016». «Ça pourrait être janvier, comme ça pourrait être décembre. Mais il faut battre le fer pendant qu’il est chaud», note-t-il avant de préciser que «l’édifice est à vendre pour 2M$» et qu’il «calcule qu’il faut au moins mettre 1,5M$ ou 2M$ pour l’aménager».

En attendant, l’idéateur du projet a composé son C.A., recrutant notamment le codirecteur du festival Fantasia Mitch Davis, le fondateur du Piknic Electronik Michel Quintal et l’acteur Marc-André Grondin. Il prévoit aussi lancer une campagne de sociofinancement sur Kickstarter et «donner la chance aux donateurs d’être immortalisés dans le bâtiment». «J’aimerais faire un walk of fame avec leurs noms gravés sur des étoiles. Parce que ce ne serait pas mon cinéma à moi; ce serait le cinéma des gens du quartier.»

«Je ne cacherai pas que nous aurons besoin d’un apport public pour aménager la salle, ajoute-t-il. Je pense que nous aurons besoin des trois paliers de gouvernement pour transformer ce lieu en pivot culturel.»

«T’as déjà vu Robocop? O.K. Mais tu ne l’as peut-être pas vu avec du monde qui TRIPE sur Robocop!» – Sylvain Raymond, gagnant de la Bourse Société de développement commercial Petite-Italie – Marché-Jean-Talon

Les motivations
«Je trouve qu’il y a un peu de paresse et de mollesse à dire que si les gens ne vont plus voir de films en salle, c’est parce que le cinéma québécois est rendu poche. C’est peut-être aller au cinéma qui est rendu poche!» lance Sylvain Raymond, avant d’ajouter qu’avec son éventuel Théâtre, il souhaite rejoindre les résidants de la Petite-Italie, du Mile-End, de Villeray et du Plateau qui ont perdu le goût d’aller en salle et qui préfèrent regarder Netflix.

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