Neuf ans après le succès du premier film, Les 3 p’tits cochons 2 nous transporte cette fois davantage dans le sentiment amoureux que dans la chasse aux conquêtes éphémères. Néanmoins, la libido et ses aléas demeurent au cœur du propos.
Oscillant entre la comédie de situation et le drame, la suite des 3 p’tits cochons, qui avait été réalisé en 2007 par Patrick Huard, est signée Jean-François Pouliot. L’action se déroule sensiblement autour du même trio de frères composé de Rémi (Paul Doucet), Christian (Guillaume Lemay-Thivierge) et Mathieu. Ce rôle, qui était défendu par Claude Legault, l’est cette fois par Patrice Robitaille.
Dans le cas de Huard, il semblerait que, d’emblée, il ne croyait pas à une suite, tandis que Legault avait, dit-on, un conflit d’horaire. Qu’à cela ne tienne, la suite en question était écrite depuis longtemps, car les deux auteurs, Claude Lalonde et Pierre Lamothe, y croyaient fermement – et avec raison. «Nous avons commencé à l’écrire en 2007 avec des temps de pause, car nous ne savions pas si nous pouvions continuer en raison de tracasseries juridiques», précise Lalonde avant d’ajouter que le «punch» de la fin du premier film, qui révélait la bisexualité du personnage de Rémi, proposait un filon des plus intéressants quant à la suite des choses.
C’est effectivement autour de ce personnage, un richissime homme d’affaires d’envergure internationale, que s’articule l’essentiel du film avec, en trame secondaire, les difficultés libidinales de Mathieu, qui se cherche dans un couple dont la femme Geneviève (Isabel Richer) assure le soutien financier.
«On se retrouve avec quelque chose de très actuel, surtout après les événements d’Orlando. Les personnages vivent des choses dramatiques et ils le font de façon intense, tout en étant comiques pour le spectateur», lance Lalonde, qui écrit des scénarios avec son complice Lamothe depuis qu’ils se sont rencontrés au cégep.
«J’ai rencontré des hommes qui avaient eu des problèmes de prostate et n’avaient plus de vie sexuelle. Ils n’étaient pas pour autant malheureux, car ils se sentaient libérés de quelque chose. C’est fort, les pulsions sexuelles de l’homme, et la libido, lorsqu’elle est puissante, peut créer de profonds soucis.» –Claude Lalonde, scénariste avec Pierre Lamothe des 3 p’tits cochons 2
N’y a-t-il pas un clin d’œil, dans les malaises et le «comique de situation», aux meilleurs films de Francis Veber (L’emmerdeur, Le grand blond…)? « Oui, je dirais même à [Georges] Feydeau. Nous sommes effectivement dans ces univers-là, bien que nous tentions de renouveler le genre. Le premier volet était un film sur l’infidélité, tandis que le second, plus léger, est un film sur l’amour. Nous restons dans la thématique de la libido, mais ce n’est pas sous le même angle», précise Pierre Lamothe quelques jours après la projection aux médias de ce long métrage très sympathique, qui devrait faire tinter le box-office et dont on salue les magnifiques plans de Montréal.
«Il y avait un désir de montrer le quotidien des gens qui ont des moyens financiers, mais aussi un Québec à la fois moderne et sensuel», suggère Lalonde avant que se pointe Isabel Richer, qui correspond très bien à cette allusive modernité sensuelle.
Est-ce que, comme votre personnage, vous doutez de vous-même et craignez parfois de ne pas correspondre aux canons de beauté véhiculés par les médias?, ose-t-on lui demander. «C’est sûr que nous sommes constamment comparées, mais j’ai passé l’âge de penser qu’on peut ressembler à une image retouchée de magazine», sourit la comédienne avec le même regard attendri que celui qu’elle adresse au personnage de Christian. Celui qui éveille les pulsions jalouses de Mathieu. La suite dans un cinéma près de chez vous.
En salle vendredi 1er juillet
https://www.youtube.com/watch?v=whGyai6NUXg