Chacun annonçait le match de boxe du siècle, dans la pure tradition des spectacles qu’a l’habitude d’offrir Las Vegas. Mais le dernier débat présidentiel, qui avait lieu mercredi soir dans la capitale du divertissement, passera plutôt à l’histoire pour sa (relative) normalité.
«Relative», puisque rares ont été les candidats à la Maison-Blanche à remettre en question la légitimité de la démocratie américaine et à traîner des allégations d’agression sexuelle sur la scène d’un débat présidentiel au cours de l’histoire.
C’est pourtant ce genre de boulets que le candidat républicain avait aux pieds, mercredi soir. Et malgré le caractère inédit de cette fin de campagne électorale, M. Trump a de loin offert sa meilleure performance jusqu’ici.
Le milliardaire, dont les débats n’avaient jusqu’ici jamais aidé la candidature, est parvenu à enquiquiner sa rivale, l’ancienne chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton, comme jamais auparavant, critiquant son bilan en matière de politique étrangère. «Regardez le chaos qu’il y a aujourd’hui en Syrie, en Libye et en Irak. [Hillary Clinton] nous a donné État islamique, à cause du vide qu’elle a créé», a ainsi accusé M. Trump.
Mais les exagérations incendiaires auxquelles l’ancienne star de télé-réalité est habituée l’ont aussi rattrapée – notamment lorsqu’il a accusé sa rivale d’être responsable des «massacres d’Alep».
«Je suis atterrée qu’un candidat présidentiel dénigre ainsi notre démocratie.» – Hillary Clinton, à propos des accusations souvent répétées par son rival, qui affirme que le processus électoral est «corrompu»
Qualifiant les allégations d’agression sexuelle faites à son endroit comme de «la pure fiction» inventée pour obtenir «10 minutes de gloire», M. Trump a affirmé – à tort – que les histoires racontées par au moins neuf femmes au sujet de ses inconduites sexuelles avaient été démenties.
«Personne n’a plus de respect pour les femmes que moi», a-t-il affirmé, suscitant l’hilarité de la foule.
«Donald croit que diminuer les femmes le rend plus fort, a rétorqué Mme Clinton. Nous savons ce que Donald pense, nous savons comment il agit. C’est ce qu’il est. Et cette élection est, je pense, l’occasion de dire ce que nous, nous sommes.»
«Je vais voir en temps et lieu.» – Donald Trump, refusant d’affirmer qu’il reconnaîtra l’issue des élections, le 8 novembre prochain, malgré l’avis contraire exprimé par son colistier, Mike Pence, et sa fille, Ivanka.
Signe des tensions qui traversent la campagne, les deux candidats ne se sont pas serré la main, ni avant, ni après le débat. À 20 jours du vote, Mme Clinton jouit d’une confortable avance sur son adversaire.